Formation biblique – Le Nouveau Testament

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Les compte-rendus des deux premières séances de formation biblique sont → disponibles ici.

Compte-rendu de la troisième séance

Début de cette troisième soirée avec un zoom arrière sur les Hébreux en Palestine : si l’élément fondateur du peuple hébreu est l’Exode (passage de la mer Rouge), l’Exil à Babylone est leur grand traumatisme historique. Certains hébreux ont même pris souche en Mésopotamie (Irak). Quant aux rapatriés de l’époque sous régime perse (édit de Cyrus –550), ils ont subi ensuite de nombreuses invasions au long des siècles en Israël : Alexandre-le-Grand (–333), Antiochus de Syrie (–164), destruction du Temple par les Romains en +70, destruction de Jérusalem par Hadrien en +135, conquête arabe en +630,… arrivée des croisades, empire ottoman…

1. Structure du Nouveau Testament (NT)

  • Évangiles synoptiques : Matthieu, Marc et Luc,
  • Évangile de Jean,
  • Actes des apôtres (suite de Luc),
  • Épîtres de Paul : Romains (à vision théologique), Corinthiens 1 & 2, Galates, Thessaloniciens 1 & 2, Philippiens, Philémon,
  • Épîtres attribuées à Paul : Éphésiens, Colossiens, Timothée 1 & 2, Tite, Hébreux (à vision théologique),
  • Épîtres catholiques (à l’Église entière) : Jacques, Pierre 1 & 2, Jean 1, 2 & 3, Jude,
  • Apocalypse

2. Comment s’est formé le Nouveau Testament ?

Tout est parti du 7 avril 30, à l’heure où l’on égorgeait les agneaux pascals, ce Vendredi veille de la Pâque juive ! Après la déception totale des apôtres qui avaient mis leur confiance en Lui, l’annonce au monde a d’abord été orale à la Pentecôte. « Jésus est vivant, nous en sommes témoins ! » disaient-ils. Les premières communautés chrétiennes se forment en ecclésias, parmi les Juifs puis les païens. Et tandis que les païens devenaient majoritaires, Paul s’est senti appelé à aller vers eux. C’est en 50 que Paul à Corinthe, commence à mettre par écrit la « Bonne Nouvelle », la proclamation, le kérygme (qui a donné le héraut en français).

Corintihiens 15,1-8 : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé… ». Cette première génération de chrétiens pensait le retour du Christ proche, ils ne voyaient pas la nécessité d’écrire les faits relatant la vie de Jésus, qui circulaient oralement parmi les communautés. Ils ont gardé fidèlement les lettres à leurs adresses, que nous connaissons comme « épîtres ». Ce sont les premiers en date, des textes du Nouveau Testament : les huit épîtres de Paul de 50 à 60. Ses disciples les ont ensuite complétées et actualisées de 80 à 90, d’où parfois certains anachronismes.

À cette époque où l’on célébrait la « fraction du pain » parmi les communautés, des textes liturgiques étaient en pratique. À partir de 65, une communauté écrit l’évangile dit de Marc. Puis d’autres se servent de cette première version pour écrire celles de Luc et Matthieu. Ce sont les trois synoptiques. Sans doute la « Passion » a été écrite en premier. Luc et Matthieu ajoutent les paroles de Jésus, chacun avec les sources qui circulaient chez eux. En l’an 95, la communauté d’Éphèse écrit l’évangile de Jean.

3. La genèse du canon des évangiles

Les textes du Nouveau Testament sont issus de l’usage qui en était fait par les ecclésias. Ils ont été retenus par le concile de Trente. Aucun évangile n’était signé. Avant Vatican II, la liturgie dominicale ne connaissait que cinquante-deux textes surtout tirés de Matthieu.

L’évangile de Marc semble avoir été écrit à Rome sous Néron, par un certain Jean, appelé Marc (Actes 12, 12) dans un grec simplifié, pour des lecteurs qui ignorent les coutumes juives. On le surnomme « évangile de la Croix ».

L’évangile de Matthieu s’adresse aux Juifs convertis au christianisme, qui ont besoin de se situer par rapport au judaïsme. Il parle deux fois de la vie de l’Eglise naissante.

L’évangile de Luc est facile à lire, car il se rapproche de notre culture classique. Luc, médecin et compagnon de Paul, écrit dans un grec talentueux. Il s’adresse à des croyants déjà catéchisés. Son évangile est surnommé « de la miséricorde », car on y trouve le « bon samaritain » et le « fils prodigue ». L’épisode de la « femme adultère » se trouve dans Jean, mais le style rappelle celui de Luc. Certains livres anciens le plaçaient d’ailleurs chez Luc. Ce qui prouve que les sources circulaient librement parmi les communautés avant d’être écrites.

L’évangile de Jean se distingue des synoptiques, par trois traits : d’une part en relatant plusieurs voyages de Jésus montant à Jérusalem ; ce qui est probable pour un Juif pratiquant d’aller au Temple à chaque grande fête, d’autre part en apportant des discours de Jésus (mais pas les paraboles) et enfin en relatant le lavement des pieds. Mais son auteur reste encore incertain : était-ce « celui que Jésus aimait », ou l’un des fils de Zébédée,…

L’apocalypse, ou révélation, est un genre littéraire apparu aux temps des persécutions. Son auteur est le prophète de Patmos à l’époque de Domitien, mais le doute reste sur son identité. Est-ce le même que celui de l’évangile ? Le mal se déchaîne sous la nouvelle Babylone (Rome), mais au final Jésus a vaincu le mal. L’Agneau est vainqueur.

4. Exercices de décryptage

Les évangiles doivent être lus à la lumière de la résurrection, car ils ont été écrits après elle. Ce serait une erreur de lire les évangiles comme des textes écrits avant la mort et la résurrection de Jésus. La séance s’est terminée par deux travaux pratiques de reconnaissance de genre littéraire et de style :

  • Souligner les mots communs utilisés dans deux récits d’annonce : l’annonce aux bergers (Luc 2, 8-13) et les femmes au tombeau (Matthieu 28, 2-8),
  • Trouver l’auteur de cinq passages d’évangile : si on explicite des rites juifs, c’est sans doute Marc, si on trouve « royaume des cieux » c’est plutôt Matthieu (un Juif ne prononce pas le nom de Dieu), si les paroles de Jésus sont rapportées, c’est Luc ou Matthieu, en présence d’une parabole, penser Marc, Luc ou Matthieu et en cas de longues paroles de Jésus, on est chez Jean.