Saint Germain de Paris à Hardricourt

C‘est une petite église de campagne, la plus petite du Secteur paroissial. Elle est ouverte tous les jours, ce qui n’est pas courant de nos jours. Aussi, si vous passez par là, n’hésitez pas à entrer. Vous serez, sans doute, émerveillé par la qualité et la beauté du travail de nos aïeux, mais aussi touché par la spiritualité de ce lieu où tant de générations, depuis presque un millénaire, sont venues et viennent encore prier et se rassembler à l’occasion de messes, baptêmes, mariages, obsèques,…

Commençons par un petit tour de l’église

L’église a été remaniée à de nombreuses reprises ; le bas-côté nord n’a jamais été reconstruit, aussi certaines colonnes sont maintenant intégrées dans le mur.

La partie la plus remarquable est sans conteste le clocher du XIIème siècle, véritable chef-d’œuvre de l’art roman par la conception, la qualité et la mise en œuvre des matériaux, tout en pierre. Cette pierre jaune est un calcaire lutétien provenant très probablement de la carrière de Saillancourt aujourd’hui inexploitée.

D’une hauteur de 29 mètres, il comporte trois étages :

  • le premier étage est enfoui sous les combles,
  • le deuxième étage, de forme carrée, est percé sur chacune des quatre faces par deux baies en plein cintre, bordées de petites colonnes et fermées par des abat-vents,
  • enfin, il est coiffé d’une flèche octogonale en pierre recouvertes de feuilles imbriquées et flanqué de pyramidions à fleurons.

Le clocher est attribué, comme dix-sept autres clochers du Vexin, à la générosité d’Agnès de Montfort, épouse de Galéran II, comte de Meulan qui avait fait vœux de faire construire ces clochers si son mari revenait sain et sauf de croisade, ce qui fut le cas. Il est classé monument historique en 1862.

Un peu d’histoire

Au cours du IIème  siècle, les moines du prieuré  St Nicaise de Meulan défrichent et assainissent les terres entourant l’église actuelle. Sous l’autorité de leur prieur Guillaume de Beaumont , ils édifient une chapelle autour de laquelle se regroupent quelques habitations. Au cours du XIIème  siècle, siècle au cours duquel  » le monde se couvre d’un blanc manteau d’églises », les moines du prieuré St Nicaise édifient, entre 1120 et 1150, l’église actuelle sur l’emplacement de cette chapelle qui aurait été incendiée et dont il ne reste aucune trace.

Au XIVème siècle, l’église passe sous la juridiction de l’abbaye du Bec-Hellouin qui réalise d’importants travaux de remaniement et de restauration. Une inscription portée sur un pilier du transept rappelle la nouvelle dédicace de l’église: « l’an mil V cent et IX le second jour de may fut dédiée cette église ››.

Sous l’Ancien Régime, la paroisse d’Hardricourt faisait partie de l’archevêché de Rouen. Le droit de présentation à la cure revenait à l’abbé du Bec-Hellouin. En 1790, la population d’Hardricourt était seulement de 249 habitants répartis entre 58 maisons. Le 10 octobre 1793, deux des trois cloches que renferme le clocher sont descendues et transportées à St Germain. L’unique cloche restante, nommée Suzanne, a été installée en 1638. Le 19 juin 1810, le Conseil de la Commune considérant que, pour les « malheureux journaliers, une horloge était nécessaire ›› fait installer une horloge dans le clocher.

Au cours deux dernières décennies, l’église a bénéficié d’importants travaux :

  • réparation du clocher suite à d’importants dégâts causés par la foudre le 2 avril 1992,
  • restauration des vitraux, des tableaux, réfection du plafond en bois…

Maintenant, entrons à l’intérieur

Son plan, très classique, forme une croix. Elle se compose d’une nef, d’un transept et d’un chœur arrondi en hémicycle.

Ses principales dimensions sont:

  •  longueur: 27m
  •  largeur du transept : 15m
  • largeur de la nef : 7m
  • surface intérieure : 180m2 environ.


L’église comporte deux voûtes sur croisées d’ogives : l’une au-dessus de la partie antérieure du chœur, l’autre au milieu du transept sous le clocher.
Ce type de voûte, caractéristique principale de l’art gothique, était, à cette époque, une nouveauté. En effet, c’est seulement au début du XIIème siècle que l’invention de la voûte sur croisée d’ogives est venu révolutionner l’architecture. Contrairement à la voûte romane dont le poids repose sur la totalité des murs porteurs, le poids de la voûte sur croisée d’ogives est canalisé sur les piliers entre lesquels les murs ne sont plus porteurs. Elle est constituée par des arcs de cercle se croisant au centre sur une clé de voûte.chapiteau-hardricourt

Ci-contre, un chapiteau du XIIème siècle, situé à la croisée du transept. Les feuilles d’acanthes s’épanouissent en corbeille de façon symétrique et sont surmontées de fines spires. À côté, un petit  personnage, caractéristique du répertoire roman, supporte en grimaçant une console sur laquelle retombe la voûte.

Sept vitraux, récemment restaurés, éclairent l’église. Le plus remarquable éclaire le chevet et représente ST GERMAIN (496-576), évêque de PARIS, patron de l’église. Ce dernier est dit de PARIS pour le distinguer de ST GERMAIN dit d’AUXERRE.

L’église est décorée de 7 tableaux:

  • Quatre tableaux, restaurés en 2005, représentent respectivement :
    • « La vierge de douleur ›› signé en 1854 par LAZERGES, élève de DAVID,
    • « Sainte Marguerite, vierge et martyre ››, reproduction d’un tableau de RAPHAEL, 
    • « La naissance de la Vierge ›› signé en 1763 par Joseph REY,
    • « le Christ en croix ››, non signé.
  • Trois autres tableaux représentent respectivement :
    • « La Vierge à la chaise ››, reproduction d’un tableau de RAPHAEL,
    • « Le mariage de la Vierge ››, signé par SIMONELLI (1632-1699), classé monument historique
    •  « La vision de Saint Bernard », non signé.

fonts-baptismaux-hardricourtParmi les autres éléments remarquables, citons :

les Fonts-baptismaux (XIIème siècle) : De style roman, ces fonts baptismaux datent de l’époque de la construction de l’église par Agnès de Montfort. La cuve carrée est supportée par une double colonne à chapiteaux ornés de feuilles d’acanthes et tailloir souligné d’un rang de perles. Des palmettes inspirées des ivoires du Moyen-Orient sont combinées aux décors géométriques sur les quatre faces sculptées de la cuve.

les quatre stalles en bois  du XIVème siècle,

l’autel en bois du XVème siècle,