Si le 11 novembre de cette année 2018 est un peu particulier, ce n’est pas seulement parce que, tombant un dimanche, il ne nous octroie pas un jour de repos toujours bienvenu. C’est aussi, bien sûr, parce que c’est le centenaire de ce fameux armistice de la Grande Guerre. En commémorant cet événement passé que nous n’avons pas vécu, nous tâchons tant bien que mal de l’intégrer dans notre vie d’aujourd’hui : on mesure ce qu’on lui doit, on en tire des leçons, etc.

Mais 100 ans, c’est tout de même l’occasion d’éprouver combien cet exercice de mémoire est difcile, déconcertant, au point même que certains le contestent. À mesure que le temps les éloigne, on a bien du mal à percevoir comment ce passé concerne notre présent.

Mais alors que faisons-nous, nous chrétiens, nous dont le culte consiste précisément à se souvenir d’un événement bien plus vieux, la mort et de la résurrection du Christ, pour y enraciner aujourd’hui notre vie ?

C’est toute la diférence entre une commémoration et un mémorial.Dans l’Exode (Ex 12, 1-28), Dieu donnait à Moïse les rites du mémorial de la Pâque, pour qu’en faisant mémoire de l’événement de la sortie d’Egypte, chaque génération de juifs puisse vivre, dans son existence présente, de la même grâce de libération qui fait d’eux le peuple de Dieu.

De même, dans le mémorial eucharistique, à chaque messe, en rappelant l’événement passé de la mort et de la résurrection du Christ, la même grâce de pardon et d’union à Dieu nous est donnée aujourd’hui. Pour ainsi dire, nous n’aurions rien gagné de plus à avoir été présents le jour J.

La mémoire chrétienne ne consiste pas à chercher dans lescendres les quelques braises encore chaudes d’un souvenir de plus en plus lointain, mais à recevoir le même feu dans toute sa vivacité, sa chaleur et son éclat originels !

Pierre Bouquin
Séminariste