Formation biblique – Relation entre les deux testaments
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Compte-rendu de la quatrième séance – 3 mars 2015
a. – Première partie
Marie-Françoise commença par nous éclairer sur le sens d’une phrase qui revient souvent dans l’Évangile : « Il fallait que les Écritures s’accomplissent« . Dieu accomplit son œuvre comme un sculpteur imagine sa prochaine œuvre. L’alliance proposée d’abord à Israël est un partenariat qui respecte la liberté de l’homme. C’est d’ailleurs par un fils d’Israël, Jésus, que l’Alliance a été portée à son accomplissement.
Chaque évangéliste à sa manière, souligne la cohérence entre les paroles et gestes du Christ et les annonces prophétiques de Dieu. En fait, les évangiles sont écrits dans la « langue » (la terminologie) de l’AT, souvent avec des citations : en Mt 1, 23, après l’annonce à Joseph, l’évangéliste ajoute, citant Is 7, 14 : « Tout cela arriva pour que s’accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète : “Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, nom qui se traduit Dieu avec nous” ».
Ailleurs on retrouve dans le NT, une expression chère à l’AT : « le troisième jour », synonyme de « jour où Dieu intervient » comme dans 1Co 15,3 « qu’il est ressuscité le troisième jour selon les écritures » :
- Os 6, 1-2 : « Venez revenons à la vie… le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence » ;
- Ex 19, 16 : « Or le troisième jour au lever du jour, il y eut sur la montagne des tonnerres, des éclairs, une épaisse nuée... » ;
- Gn 22,4 : « Le troisième jour, Abraham levant les yeux vit l’endroit de loin. Moi et l’enfant… nous adorerons et nous reviendrons vers vous » – entre parenthèses, on voit la foi en Dieu d’Abraham qui compte revenir avec son fils !
Remarquons que dans le Pentateuque, il n’est fait nulle part mention de la résurrection des morts. Ce n’est qu’au temps de la révolte des Maccabées (vers –165) que des Israélites adoptèrent peu à peu cette vision eschatologique. Le troisième jour a pris le sens « jour où Dieu ressuscitera les morts ».
b. – Deuxième partie
Isabelle nous a ensuite fait plancher sur la Transfiguration de Jésus (Mt 17, 1-9), en nous précisant d’abord, la façon dont on doit travailler un texte de la bible, pour ne pas dénaturer son sens :
→ Il faut s’assurer d’extraire un passage complet, bien borné. Notre exemple commence par une introduction de la scène : « Six jours après », à la fois quelque chose de nouveau qui commence mais situé dans un lien avec ce qui s’est passé avant et se termine par : « ne dites rien à personne de ce que vous avez vu ».
De plus dans l’introduction : « Jésus… les emmène sur une haute montagne », puis dans la conclusion, « Comme ils descendaient de la montagne... »
→ Il faut toujours aller regarder le contexte, celui-ci aide à comprendre le sens du texte : Notre passage est situé entre deux annonces de la passion du Christ.
Le thème de la séance étant le lien entre AT et NT, elle nous a fait rechercher quatorze passages de l’AT, et nous a demandé de trouver les liens entre eux et le texte de la Transfiguration :
- la montée de Jésus et des trois disciples rappelle celle de Moïse et de ses compagnons en haut du mont Sinaï (Ex 24, 9) ;
- le sommet de la montagne rappelle l’arrivée de Moïse au sommet (Ex 19, 20) ;
- le visage resplendissant de Jésus rappelle celui de Moïse descendant après avoir rencontré Dieu (Ex 34,29) ;
- Moïse d’accord, mais pourquoi Élie ? Élie marcha quarante jours jusqu’à gravir lui aussi, la montagne de l’Horeb où il rencontra Dieu dans la brise légère (1R 19,8) ;
- Pierre qui propose de dresser trois tentes : c’est à rapprocher de la « tente de la rencontre » – lieu de la rencontre avec Dieu (Ex 33, 7-10) ou de la fête des tentes (Souccot) (Dt 16,13) ;
- la nuée lumineuse rappelle la présence de Dieu qui guide son peuple lors du passage de la mer Rouge (Ex 14,19–20), ou dans le désert (Ex 16, 10) ou lors de la montée au Sinaï (Ex 24,16) ;
- la voix qui parle est celle de Dieu : « Celui-ci est mon Fils… Écoutez-le ! » rappelle Dt 18,15 où Dieu « suscitera au milieu de vous… un prophète comme moi (Moïse) que vous écouterez ! » :
Dans ce texte, Moïse représente la Loi et Élie représente les Prophètes. Tous les deux viennent apporter le témoignage de l’Écriture toute entière, puis ils disparaissent. Jésus est désormais celui qu’il faut écouter. La Transfiguration est une théophanie (Dieu qui se fait voir). Pour la raconter, les trois évangiles synoptiques se réfèrent à celle du mont Sinaï et ils utilisent le même vocabulaire. La Transfiguration se situe entre deux annonces de la Passion, comme une théophanie fugace qui est une préfiguration de la résurrection. La mission de Jésus sera finie sur la Croix où « Tout est accompli ! » (Jn 19,30).
Dans le texte de Matthieu cette utilisation des termes de l’AT, nous montre l’accomplissement du plan de Dieu, depuis le Sinaï jusqu’au Calvaire.
c. – Échange final
Dans le monde juif, si les rabbins discutent entre eux, personne ne conclura. Chez nous, c’est Jésus qui a le dernier mot : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. » (Mt 5,17).
Un questionnaire remis aux participants, aida ensuite à revenir sur les quatre rencontres du parcours.
À propos du « kérygme », la première annonce (qui fut orale avant d’être écrite dans le NT), on lit dans L’exhortation apostolique du pape François La joie de l’Evangile de novembre 2014 : « Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : « Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver… », elle est l’annonce principale, celle que l’on doit toujours écouter… et que l’on doit toujours annoncer de nouveau durant la catéchèse…à toutes ses étapes et à tout moment. » §164.
L’année prochaine nous pourrons poursuivre cette initiation par le parcours en six rencontres « des clés pour ouvrir… l’Ancien Testament » conçu par les formateurs du Service Diocésain de Formation en Yvelines.
La première rencontre a été fixée au mardi 13 octobre 2015 à 20h30. Vous trouverez tous les renseignements et autres dates concernant cette formation (ainsi que bien d’autres) dans le livret qui parait en juin, distribué dans chaque paroisse et qui est disponible sur le site du diocèse.