Adoration : se mettre en présence de Jésus

Pere-Dany-Dideberg

I. La signification de l’adoration eucharistique

1. Adorer

Dans Dt 6, 13 (Lc 4, 8) « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui que tu rendras un culte. » « Adorer Dieu, c’est le reconnaître comme Dieu, comme le Créateur et le Sauveur, le Seigneur et le Maître de tout ce qui existe, l’Amour infini et miséricordieux. » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 2096)

2. L’adoration du Saint Sacrement

On n’adore pas l’hostie elle-même, mais le Christ présent dans l’hostie. Il s’agit d’une présence mystérieuse – in mysterio.

3. Lien entre l’adoration du Saint Sacrement et la célébration eucharistique

L’adoration eucharistique ne remplace pas la célébration de l’eucharistie qui aboutit à la communion. Elle est comme un prolongement et un approfondissement de la célébration eucharistique qui est en elle-même « le plus grand acte d’adoration de l’Église » (Benoît XVI, Sacramentum caritatis, n. 66)

Quand tu communies, disait saint Jean Chrisostome, fais de ta main un trône pour Dieu et, puis après, regarde-le, adore-le et communie. » De son côté, saint Augustin faisait cette recommandation à ses fidèles : « Que personne ne mange cette chair – il s’agit de l’eucharistie – sans l’adorer. » (en. Ps 98, 9)

II. L’adoration eucharistique dans l’histoire de l’Église

Comment est née et s’est développée dans la vie de l’Église l’adoration eucharistique ?

1. Instauration de la fête Dieu en 1246

Par le pape Urbain IV, suite aux révélations qu’a reçues sainte Julienne de Cornillion, de la principauté de Liège.

2. Développement de la dévotion au Sacré-Cœur

Le développement de la dévotion au Sacré-Cœur qui suivit les révélations du Christ à sainte Marguerite-Marie, à Paray-le-Monial, en particulier en 1675. Jésus lui montre son cœur en disant : « Voilà le Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour (qu’est l’eucharistie). »

3. À l’époque du Concile Vatican II

L’adoration eucharistique connaît une éclipse. Puis, tout d’un coup, une reprise de l’adoration eucharistique dans les paroisses, dans les retraites, dans les nouveaux mouvements de vie chrétienne, en particulier le Renouveau charismatique, dans les diocèses, dans l’Église universelle.

Jean-Paul II : son témoignage personnel dans l’encyclique sur l’eucharistie Ecclesia de eucharisitia (2003) : « Il est bon de s’entretenir avec Lu et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d’être touchés par l’amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l’art de la prière », comment de pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois, chers Frères et Sœurs, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » (n. 25)

Benoît XVI qui a présidé le synode sur l’eucharistie a noté dans son exhortation apostolique Sacramentum caritatis (2007) : « Un des moments les plus intenses du synode a eu lieu lorsque nous nous sommes réunis dans la basilique Saint-Pierre, avec de nombreux fidèles, pour l’adoration eucharistique. Par ce geste de prière, l’Assemblée des Évêques a voulu attirer l’attention, et non seulement par des paroles, sur l’importance de la relation intrinsèque entre célébration eucharistique et adoration. » (n. 66)

— Enfin, le pape François a lancé une heure d’adoration simultanée et mondiale, le jour de la Fête-Dieu, dimanche 2 juin 2013.

III. Comment vivre l’adoration eucharistique aujourd’hui ?

1. – Adorer Jésus au Saint Sacrement, c’est se mettre d’abord en présence de Jésus réellement présent : un moment de silence, de recueillement avant d’entrer dans un dialogue avec Lui.

2. – L’adoration eucharistique est une démarche de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28).

3. – L’adoration eucharistique est une démarche d’amour. Jésus « nous a aimés et s’est livré pour nous » (St Paul, Ga 2, 20). Jésus nous demande : « M’aimes-tu ? » et nous pouvons lui répondre : « Jésus, tu sais tout. Tu sais bien que je t’aime. » (Jn 20, 17) De plus, Jésus m’appelle à aimer mes frères et mes sœurs : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » dit le Seigneur (Jn 13, 35).

4. – L’adoration eucharistique est une démarche d’espérance. « Viens, Seigneur Jésus ! Maranatha ! » (Ap 22, 20 ; 1Co 16, 22). « Quand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne. » (1Co 11, 26).

5. – L’adoration eucharistique est écoute de la Parole de Dieu. Un exemple : la guérison de l’aveugle Bartimée (Mc 10, 46-52).

6. – L’adoration eucharistique est l’occasion de présenter nos besoins, ceux de nos personnes, de nos familles, de l’Église et du monde.

IV. Conclusion

1. – Dans sa pénurie de prêtres et de célébrations eucharistiques, notre Église vit, en certaines régions, une nouvelle expérience, celle de l’adoration eucharistique. C’est un moment de grâce.

2. – Dans cette situation, toute la communauté ecclésiale a à prendre sa responsabilité. L’adoration eucharistique est, à mes yeux, une voie du renouveau de la vie de l’Église.

3. – Notre société est sécularisée c’est-à-dire elle vit sans Dieu. C’est dans cette société que nous sommes appelés à être témoins de Dieu. Mais nous ne pourrons être témoins de Dieu sans être des adorateurs de Dieu.

Père Dany Dideberg, sj.
Samedi 19 septembre 2015