Les droits de la conscience

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Transcription de la conférence de François-Xavier Bellamy à Triel le 17 février 2016.

Pourquoi nous, chrétiens, sommes-nous de plus en plus souvent conduits à nous opposer à l’esprit du monde ? Au nom de quoi nous opposons-nous ? Cela mérite de méditer ensemble sur la question de la conscience.

1. Le contexte contemporain

Nous sommes piégés par l’esprit du temps qui nous empêche de parler de la conscience et nous sommes tentés de nous opposer au nom de nos valeurs. On peut citer les questions de la PMA, du Téléthon, de la bioéthique, du mariage, de la famille. Cette position me paraît profondément fausse et dangereuse parce que le terme « valeur » est parfaitement adapté au relativisme contemporain. Les valeurs sont relatives à un groupe. Par exemple la photographie de la maison où j’ai passé toute mon enfance me touche, mais pour vous cela n’évoque rien. Même les valeurs marchandes fluctuent ! Donc parler de nos valeurs, c’est ajouter du crédit au relativisme contemporain : il n’y a ni vérité, ni morale universelle. C’est le climat dans lequel nous baignons. Le relativisme nous empêche de parler de la conscience.

Je me souviens de Joseph Ratzinger parlant de la dictature contemporaine du relativisme. Je me disais en moi-même, il y va un peu fort, la parole est libre chez nous ! Plus tard j’ai révisé mon jugement en devenant professeur de philosophie. En effet, l’élève de terminale est le représentant parfait de l’opinion publique. La philosophie consistant à chercher la vérité, quand je commence mon cours, je pose la question : « Comment définiriez-vous la vérité ? ». Quels que soient le lycée ou le milieu social des élèves, la première main qui se lève me sort : « La vérité, ça dépend des gens. »

Cette réponse est plus un symptôme qu’une réponse. Si je vous disais « Qu’est-ce qu’une voiture ? » et que la réponse était « Les gens ont des voitures différentes », vous n’auriez pas répondu à la question. C’est une manière de se protéger de la réponse. La société contemporaine est terrifiée par l’existence de la vérité.

En creusant un peu, les élèves me disent qu’il y a des vérités scientifiques, comme « 2 + 2 = 4 ». Et on en arrive à la définition d’un des grands philosophes de l’humanité, saint Thomas d’Aquin : « La vérité est l’adéquation de l’intelligence et de la réalité ». Par exemple, ce stylo n’est pas la vérité. Si je pense quelque chose, ce n’est pas forcément la vérité. Mais si je pense une chose conforme au réel « Ceci est un stylo », je suis dans la vérité. Si je dis « Ceci est un éléphant rose », je suis dans l’erreur.

2. Le nœud de la communication

Au IVe siècle grec, le premier principe d’Aristote est la définition de la vérité, c’est le principe de non-contradiction : il ne peut pas y avoir deux énoncés contradictoires et vrais en même temps. Aristote dit qu’il faut « qu’une porte soit ouverte ou fermée ». Cela exclut l’idée que chacun ait sa vérité. À ce moment de mon exposé, un élève me répondra toujours : « D’accord pour la porte, Monsieur, mais pour Dieu ? ou pour le bien, ou la morale ? », ce à quoi je rétorque invariablement : « Alors, si quelqu’un m’annonce “Dieu existe” et qu’un autre me dit “Dieu n’existe pas”, cela implique forcément que l’un des deux a raison et que l’autre a tort. »

aDSCF1607La réaction de la classe est systématique : « Ce prof est un nazi ! ». Pourquoi cette réaction ? Dans le relativisme contemporain, croire en une vérité universelle, menace la tolérance que nous devons avoir pour les autres. Si je dis qu’il y a des choses universellement bonnes pour les hommes ou universellement mauvaises, alors je suis immédiatement suspecté de vouloir imposer ma vérité à la totalité de la société. La seule pensée qui soit littéralement intolérable, c’est celle qui affirme qu’il n’y a qu’une vérité, une pensée juste et une pensée fausse. L’indifférence radicale dans laquelle nous vivons, s’arrête dès lors que vous postulez qu’il y a une vérité. Là vous devenez un danger ! Si vous dites que le catholicisme est la vérité, vous devenez un nazi.

Pourquoi ? Le relativisme contemporain ne va jamais jusqu’au bout. L’absolu qu’il admet encore c’est le nazisme. On est tolérant, on accepte tout dans le bienheureux vivre-ensemble. Mais si l’on s’affiche nazi, on ne vous répondra pas : « C’est ton choix, super ! ». On sait donc dire ce qu’est le mal absolu. C’est notre dernière référence commune. Dès que nous sommes en désaccord sur un sujet virulent, la conversation finit par laisser entrer le vocabulaire de l’antinazisme. Le relativisme contemporain comme toute pensée fausse, se reconnaît à son incohérence.

L’avocat américain Mike Godwin avait remarqué dans les années 2000 sur les forums des réseaux internet, qu’au bout de sept réponses en moyenne, un internaute citait Hitler. Prenez l’exemple du mariage pour tous, pendant un an on s’est traité de nazis, soit parce qu’on était des méchants homophobes pour les uns, soit parce qu’on avait été mis en garde à vue par les méchantes forces de l’ordre pour les autres. Alors que ce débat n’avait rien à voir avec Hitler. Le nazisme est le seul mot qui nous reste pour dire le mal absolu. Par cette limite du relativisme on touche à quelque chose qui nous dépasse et qui s’appelle la conscience.

3. La clarification de la pensée

Avec le nazisme, le XXe siècle a fait la découverte atroce, abominable et pourtant féconde, de la conscience qui est rentrée dans l’histoire du droit au procès de Nuremberg. En 1945 un certain nombre de dignitaires nazis sont emprisonnés. Un tribunal pénal international est réuni pour les juger. Mais Hitler a été élu démocratiquement et le nazisme a légalement imprégné les rouages de l’État allemand, ce qui fait que les accusés n’ont jamais été hors-la-loi. Ils étaient juridiquement non coupables.

Pour les condamner il a fallu s’appuyer sur quelque chose qui précède le droit. On a trouvé deux postulats :

– Il existe des actes qui sont toujours mauvais et d’autres bons, c’est une loi qui n’est pas écrite, appelée dans la tradition philosophique la Loi Naturelle. Les juristes ont ainsi édicté le concept des droits de l’Homme. Emmanuel Levinas déclare dans son essai Totalité et Infini : « L’interdit de tuer est écrit sur le visage de l’autre ».

– Tout homme connait par nature, l’existence de cette loi naturelle qui nous oblige à respecter la dignité inaliénable de l’être humain. Ceux qui ont organisé les camps de concentration le savaient. C’est la raison pour laquelle ils ont été jugés coupables.

Cette capacité intérieure que nous avons de discerner le bien du mal, ou le juste de l’injuste, c’est notre conscience. Les communautés ont le droit de défendre leur
s valeurs, mais les individus ont le devoir de laisser parler leur conscience.

Je ne connais qu’un seul relativiste au monde qui est cohérent, c’est le philosophe américain Richard Rorty : « Si je rencontre un nazi, je ne peux pas lui dire qu’il a tort », dit-il ; mais il reconnait lui-même que sa situation est embarrassante car en déclarant qu’il n’y a pas de vérité, comment être sûr que le relativisme est plus vrai que les autres systèmes ?

4. Les grands témoins

Parler de la conscience c’est donc réinvestir un vocabulaire oublié et pourtant plus nécessaire que jamais. Depuis vingt-quatre siècles toute la tradition philosophique tourne autour de la conscience. Pour la découvrir il faut que nous en soyons familiers. Platon indique (selon sa maïeutique) que Socrate posait des questions à ses interlocuteurs pour qu’ils progressent, retrouvent, et reconnaissent par eux-mêmes la vérité. Tout se passe comme si notre âme avait déjà contemplé la vérité, mais que nous l’avions oubliée. Quand la vérité se trouve devant nous, nous la re-connaissons.

Aristote et Épictète diront que l’esprit humain est configuré pour le vrai. Si vous croyez ce que je dis ce soir, c’est uniquement parce que vous reconnaissez qu’il y a du vrai dedans. Dans notre rapport à la vérité, dit Aristote, il y a comme une espèce de divination, donnée par notre conscience : point de rencontre entre la nature divine et la nature humaine. La nature divine crée le vrai. Et si nous rencontrons la vérité, nous rencontrons par notre pensée quelque chose de la nature divine. Beaucoup de philosophes non religieux ont vu dans la « conscience », le signe de la nature singulière de l’Homme qui reconnait comme un dieu, ce qui est vrai et ce qui est faux.

Par la conscience dira Cicéron, l’univers devient la patrie commune des dieux et des hommes. Cicéron vit au centre de la crise de la République romaine. Pour les Romains, leur héritage des lois et la coutume des anciens (mos majorum) sont ce qu’il y a de bien, la nouveauté est dangereuse. Or cet empilement de lois arrivait à étouffer tout libre arbitre et ne collait plus à la réalité. Pour Cicéron la raison naturelle gravée au sein des hommes qu’il appelle la conscience, devait primer sur les lois.

aDSCF1584Être juste, ce n’est pas qu’obéir au droit mais aussi à la conscience que le droit essaie de traduire. Quels que soient les pays, le droit est marqué par une forme d’universalité dit Cicéron (par exemple, obéir à ses parents, défendre la famille, refuser le mensonge, ou le vol, ou le meurtre). Les gens suivent ce droit naturel à cause d’une exigence intérieure qui est leur conscience. Ce ne sont pas nos valeurs, c’est parce que nous savons ce que nous devons faire et que nous aimons ce que nous faisons. Cicéron appelle cela la raison naturelle gravée en tous les hommes.

Celui qui commet un vol, sait que ce qu’il fait est mauvais. Des siècles plus tard, le grand philosophe allemand Emmanuel Kant, parlera d’un acte moral : c’est un acte qu’on peut universaliser. Si tout le monde respecte la propriété d’autrui, la société est possible. Dire la vérité aux autres c’est bien. Je ne peux pas penser une société où tout le monde mentirait. Ce serait une société où on ne pourrait plus mentir : le mensonge n’est efficace que parce que nous disons normalement la vérité. Le menteur se dit : « Je fais une exception à la règle ».

Le vrai mal pour Kant c’est de mettre sa conscience en suspens. Quand on cède à la tentation, on ne pense pas l’acte que l’on fait. Pour Kant, le voleur n’est pas contre la propriété privée, mais il est prêt à profiter du bien qu’il aura mal acquis. Pour faire un acte immoral on arrête sa conscience (exemple : la part du gâteau qui reste sur la table…). Pour faire le mal, il faut arrêter de penser !

Si l’on pense ce que l’on fait, alors on fait le bien. Le bien, unifie profondément la personne humaine, alors que le mal nous divise avec nous-mêmes. C’est le silence que le mal impose à notre conscience. Quelqu’un qui fait le mal sans le savoir n’est pas un homme mauvais. L’acte est mauvais, mais pas entièrement la personne.

Ce qui est vrai d’un individu, est vrai également d’une société. Dans la dérive contemporaine, c’est toute la société qui s’abstient de penser ce qu’elle fait. Ne pas vouloir nommer nos actes, c’est s’interdire de les voir. Toute dérive morale commence par un mensonge sur les mots.

5. Trois conséquences à en tirer

a) Cultiver sa conscience

Pour servir le bien des hommes, notre conscience ne doit pas être réduite au silence. Mais il y a le paradoxe de la conscience. Quoiqu’elle appartienne à tous les hommes – on l’appelle alors le « bon sens » – la flamme de la conscience (« la voie divine », disait Jean-Jacques Rousseau) doit être cultivée ! Le travail de l’intelligence est indispensable pour développer le côté culturel de la conscience = cum scientia. Il faut connaître pour garder notre conscience vivante.

La culture n’est pas le contraire de la nature. Nous n’aurions pas pu accomplir notre faculté naturelle de penser, si nous n’avions pas inventé les mots pour commencer à penser. Comme toutes nos facultés naturelles, il nous faut la cultiver pour la rendre féconde.

– Sur ce point on rencontre la notion d’autorité. La conscience se défie, par dessus tout, de l’argument d’autorité. Ce n’est pas parce qu’un supérieur dit quelque chose que c’est vrai. L’autorité n’a en soi aucune légitimité pour le jugement moral de la conscience. L’autorité n’est pas un livreur de prêt-à-penser comme si nous étions passifs. Elle nous donne de quoi accomplir notre propre conscience personnelle. C’est le sens de la racine du mot autorité : augere = faire croître, faire grandir la liberté de notre conscience, de façon à devenir de plus en plus lucides et responsables.

– Là intervient la culpabilité. L’ignorance est parfois une faute si elle est le fait de notre propre paresse à rester dans la superficialité du monde. On ne pourra pas dire « Je ne savais pas ! ». Ne pas penser, ne pas se renseigner, c’est déjà une faute morale. La première forme de résistance c’est la résistance de l’intelligence. L’écrivain Georges Bernanos disait déjà il y a cinquante ans : « Le monde moderne est une vaste conspiration contre la vie spirituelle ».

b) La responsabilité personnelle

L’autorité n’est pas là pour nous décharger de notre liberté et notre responsabilité. Chacun d’entre nous est responsable des actes qu’il pose. Notre conscience est en jeu, y compris dans les questions qui engagent la cité tout entière.

Dans nos choix de résistance, même les plus déraisonnables à vue humaine, nous engageons toute la société dans notre propre objection. La très grande figure de la conscience dans la culture occident
ale c’est Antigone, nièce du dictateur Créon. Ce dernier voulait priver de sépulture le frère d’Antigone. Elle défendit la loi naturelle face à l’édit de Créon. Dans toutes les civilisations, le corps humain a toujours été traité comme une réalité singulière. Sophocle fait parler Antigone :
« Tu n’as pas le droit de priver mon frère de sépulture !
— Si tu enterres ton frère, tu vas mourir.
— Je ne revendique pas le droit d’enterrer mon frère, mais j’assume le devoir d’enterrer mon frère ! ».

aDSCF1589L’acte solitaire d’Antigone ne sert à rien, mais c’est son devoir et elle ira jusqu’au bout. Être responsable c’est pouvoir répondre de ses actes devant soi-même. L’écrivain Jean Anouilh montre la supériorité d’Antigone et lui fait dire : « Votre confort me dégoûte. Ce qu’il faut chercher dans la vie c’est de ne faire qu’un avec soi-même, pouvoir obéir à cette lucidité qu’on a travaillée et agir de façon juste. »

Devant la complexité des situations humaines, le travail de la conscience est un travail personnel. Nous devons aussi res­pecter la conscience d’autrui quand nous le voyons effectuer un discernement difficile. Le Christ nous a justement déchargé de juger les autres ; Dieu seul sonde les reins et les cœurs. C’est dans le dialogue avec autrui que nous pouvons progresser ensemble vers ce qui est bon et juste.

c) Renouer avec notre prochain

Nous faisons une grande erreur d’interpréter les évolutions sociales actuelles, comme étant la manifestation d’une volonté malfaisante. Prenons l’exemple de l’école. On a répété souvent que l’école va mal à cause d’un groupe qui a pris en otage l’Éducation nationale avec la volonté de niveler les élèves par le bas… Je crois que cela n’existe pas. La plupart des gens recherchent le bien, mais certains ont la conscience qui s’égare dans la recherche du bien. Engager la conversation sur le terrain de l’accusation, c’est interdire la discussion.

Il vaut mieux partir du postulat qu’au fond du cœur de tous les hommes il y a la recherche du bien. La conversation s’engage d’une façon différente quand on se met ensemble pour chercher le bien. La conscience est aussi le meilleur point de départ pour engager ou reconstruire un dialogue.

Autre exemple le débat sur l’euthanasie. Il est facile de dire que les tenants de l’euthanasie sont des nihilistes passionnés du suicide. L’immense majorité d’entre eux prétendent servir le bien des hommes. Nous n’avons pas à leur opposer une réprobation morale pour qu’ils respectent notre conscience. Il faut plutôt parier sur leur conscience. C’est à nous de travailler pour reconstruire rationnellement cette vérité que nous avons envie de leur faire partager et qu’ils puissent la rencontrer.

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Débat – questions

Est-ce qu’un terroriste islamiste recherche le bien ?

Je réponds en deux temps. La définition de saint Thomas d’Aquin – « Le bien est ce que toute chose désire » – mérite d’être tempérée par le fait que mystérieusement nous sommes capables de faire le mal. C’est le grand mystère du péché originel qui vient nous diviser avec nous-mêmes.

Le premier écueil serait d’affirmer que le terroriste islamiste est l’incarnation du mal absolu. C’est la question difficile à laquelle tentait de faire face Hannah Arendt dans La banalité du mal sur le compte rendu du procès d’Adolf Eichmann. Comme journaliste et philosophe elle a assisté à ce procès. Derrière cet homme, c’est toute l’humanité qu’on retrouve. La vraie frontière entre le bien et le mal, ne sépare pas l’espace, mais l’intérieur de chacun de nos cœurs. Notre nature humaine est blessée par le péché originel.

aDSCF1554Le deuxième écueil serait de prétendre que les isla­mistes sont des gens sympathiques qui se sont juste trompés.

Il y a une différence énorme entre le « 11 sep­tembre » en Amérique et les attaques de 2016 en France : l’Amérique a subi une attaque venue de l’extérieur, alors que pour nous les ter­ro­ristes étaient occidentaux (Français et Belges).

Une chose est sûre. Le terrorisme auquel nous avons à faire face aujourd’hui est le résultat d’une désintégration scolaire. Nous n’avons pas su proposer un idéal dans cette société relativiste. L’occasion qu’ils puissent se donner à quelque chose qui les dépasse. L’Homme ne cherche pas tant une raison de vivre, mais une raison de donner sa vie. On y retrouve la folie de l’Évangile : « Celui qui veut gagner sa vie, la perdra ».

Les jeunes qui grandissent dans une société vide d’idéal, vont s’en chercher un autre. L’État islamique d’une façon horrible et monstrueuse, leur donne l’occasion de donner leur vie. Nous avons créé le terreau favorable en refusant à ces jeunes d’alimenter leur propre conscience. « Le diable est le singe de Dieu » dit Bernanos. C’est le plus beau des anges qui se présente à ces jeunes avec une dimension de sacrifice.

Quelle différence entre relativisme et respect de la pensée de l’autre ?

Celui qui dit qu’il y a une vérité universelle est dangereux pour la paix sociale : il est soupçonné de vouloir nous faire la guerre. Il y a eu assez de guerres au nom de la vérité. Acceptons toutes les opinions ! Ce postulat du relativisme est totalement erroné.

En effet, s’il n’y a qu’une vérité, la dernière des choses à faire c’est de faire taire votre adversaire. Socrate, le spécialiste de l’ironie qui pose des questions dérangeantes, discute avec Gorgias et ce dernier, excédé, lui dit : « J’arrête toute discussion avec toi ». Socrate lui répond alors : « Écoute-moi Gorgias, je vais te dire quel homme je suis et tu vas me dire quel homme tu es. Comme je crois qu’il n’y a qu’une vérité, je suis un homme qui aime être réfuté. Car si on me montre que j’ai tort, on me remplace une erreur par une vérité ! Je préfère qu’on me montre mon erreur plutôt que je montre à l’autre son erreur ».

S’il y a une vérité, il y a urgence de discuter. La violence n’a jamais obligé personne à croire. La vérité ne s’impose pas. Selon Aristote, « Tout homme a quelque chose à apporter au débat ».

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Pour ceux qui veulent aller plus loin…

François-Xavier Bellamy est normalien, agrégé de philosophie, et titulaire d’une maîtrise d’éthique. Il enseigne en classes préparatoires littéraires à Paris, après avoir été professeur en lycée. Il donne depuis plusieurs années de nombreuses conférences de philosophie devant des publics variés.aDSCF1 551

Créateur des Soirées de la Philo en 2013, il assure bénévolement ce cycle de conférences. Il est l’auteur du livre Les déshérités, ou l’urgence de transmettre, aux éditions Plon.