Une rencontre…

J’étais assis dans le bus. En face de moi une femme, la tête habillée d’un fichu, remuait les lèvres tout en faisant glisser entre ses doigts ce qui ressemble à un chapelet. Je regardais ce visage avec beaucoup de joie intérieure. J’eus tout à coup l’envie imprévue d’établir une conversation. Je me lève et m’installe à côté d’elle, le bus étant à cette heure de la journée peu rempli.

Me tournant vers elle, je lui demande sur un ton doux et plein d’admiration: «vous priez Madame?». Elle me répond, étonnée:«oui». Petit silence et j’enchaîne: «et que dites-vous Madame dans votre prière?». Elle me regarde ne sachant que répondre à ma question aussi intime ou trop curieuse. Je lui glisse alors à l’oreille: «vous ne dites pas quelque chose comme: «Dieu je te confie ma vie et je te fais confiance». Alors avec un sourire étonné elle me dit: «si, c’est à peu près comme ça». Et elle ajoute: «et vous, vous priez comme ça?». Je lui réponds: «oui, je prie aussi comme vous un peu tout le temps et même dans le bus».

Le trajet étant court entre les Mureaux et Meulan, je lui fais signe que je descends là. Elle me dit: «que Dieu vous bénisse». Et moi de lui répondre: «vous aussi Madame, que Dieu vous bénisse».

Marchant, je pensais à cette phrase du frère Charles de FOUCAULT: «Je voudrais être le frère universel de tout homme».Moi aussi je brûle de ce désir en constatant une fois de plus que Dieu seul peut nous réunir en profondeur et en vérité. Tout nous opposait dans cette rencontre: la culture, la religion, l’éducation, nos origines et nos histoires. Et pourtant, assis devant une inconnue dans le bus, je quittais une soeur. Mon coeur débordait d’amour pour Dieu qui m’apprend avec Jésus le chemin pour aimer tous les hommes.

Baudoin, prêtre.