Parole d’évêque

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Léo Potier : Monseigneur Aumonier, une grande semaine s’ouvre à nous en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, et il me semble qu’il y a pas mal de choses prévues du côté de votre diocèse de Versailles ?

Monseigneur Aumonier : Oui, d’ailleurs on peut, si l’on veut savoir toute la liste des choses prévues – puisque le diocèse est vaste – consulter le site du diocèse : catholique78.fr. Mais si l’on n’a pas le temps de le consulter on peut toujours savoir que le dimanche 20 janvier à la cathédrale – c’est maintenant une coutume – on a les vêpres œcuméniques. Et puis il y a dans d’autres paroisses des rencontres. J’ai vu qu’à Houilles-Carrières, nous avions une rencontre sur les Chrétiens d’Orient qui touche évidemment les chrétiens qu’ils soient catholiques ou orthodoxes (on sait que, par exemple en Égypte, il y a des coptes orthodoxes et des coptes unis à Rome). C’est évidemment, une belle occasion de prière.

Je pense aussi aux initiatives de rencontres personnelles, et à la fidélité dans les rencontres personnelles entre chrétiens, particulièrement catholiques-protestants ou catholiques-orthodoxes sur les paroisses ou les diocèses. Parce que finalement, l’œcuménisme se reçoit ; parce que l’unité des chrétiens, nous la recevons et nous la demandons à travers des relations fidèles, continues, où l’on a la possibilité de se parler, de s’écouter et de comprendre mieux les richesses spirituelles de son interlocuteur et là sur quoi portent – ou ont porté – les divisions.

C’est sur ces relations très fidèles d’amitié qui se tissent, que reposent l’essentiel des liens actuels œcuméniques qui existent sur le diocèse.

Hier, je recevais à cette antenne le pasteur Gilles Daudé, et je luis posais la question : « Est-ce que l’unité des chrétiens est quelque chose qui se pratique au jour le jour ? »

Je pense qu’il a dû vous répondre oui.

Absolument !

Cela se tisse au quotidien. Nous entendons la prière du Seigneur demandant l’unité entre les disciples comme une demande instante, comme juste avant sa passion où Jésus dit cela comme un aspect essentiel de sa propre prière. C’est donc toujours la prière du Christ que de demander l’unité, et de vouloir nous donner cette unité. Dans nos pensées, nos réactions, nous avons souvent beaucoup d’ignorance ou beaucoup de préjugés et beaucoup de peur. Cela, il faut en être conscient pour pouvoir, les uns les autres, nous engager sans crainte, précisément, dans le dialogue avec ceux dont les pratiques, ou les insistances, nous sont inconnues.

L’unité, c’est quelque chose de nécessaire ?

C’est indispensable. C’est aussi la crédibilité de la foi dans le monde qui est en jeu dans cette affaire. Ce n’est pas seulement une affaire d’efficacité pour la mission, quoique c’est aussi vrai : si des protestants, des catholiques, des orthodoxes sont unis pour annoncer l’Évangile, c’est quand même mieux que lorsqu’ils sont divisés. Mais c’est aussi le signe que nous donnons : à quoi ressemblent les chrétiens lorsqu’ils déchirent la tunique du Christ et lorsqu’ils la laissent déchirer ? C’est une contradiction absolue.

Nous ne pouvons pas vivre sans en souffrir et sans demander la grâce de recevoir l’unité. Je dis bien de la recevoir, parce que nous y travaillons comme nous pouvons, partout où nous sommes, mais c’est quand même une grâce de paix, de bienveillance et d’écoute qui doit nous être donnée pour resserrer et renouer ce qui a été dénoué.

Vous bougez beaucoup, ces derniers temps, Monseigneur Aumonier, puisque vous êtes en pleines visites pastorales. D’ailleurs vous êtes revenu depuis peu du doyenné de Meulan. Quels souvenirs allez-vous garder de votre visite ?

Ce n’est pas un, mais des centaines de souvenirs que j’ai dans la tête. La visite pastorale de ce doyenné, ce sont les villes de Meulan, Triel, les Mureaux, et bien d’autres encore ; ce sont les prêtres et les responsables d’équipes d’animation paroissiales, autour de thèmes ou de sujets qui ont été préparés ensemble. Avant ma visite, il y a eu tout un travail entre responsables sur le doyenné. Par exemple sur le dialogue inter-religieux qui est une réalité très prégnante sur ce doyenné. J’ai cité Meulan et les Mureaux où vous avez près de cinquante pour cent de la population, dans certains lieux, qui est de religion musulmane.

Donc, une réflexion sur ce qui se passe réellement, mais aussi des rencontres personnelles avec des familles. Des rencontres très diverses, des temps de réflexion et bien sûr des moments de liturgie, de célébrations. Au cœur de la visite pastorale, deux liturgies qui sont comme le sommet de la visite : la célébration du sacrement de confession – la liturgie de réconciliation – avec la confession personnelle de tous les gens du doyenné qui le souhaitent, qui se confessent à l’évêque ou aux prêtres qui sont là, un soir. Et puis la confirmation des adultes.

Et aussi il y a eu une messe avec les jeunes scolarisés dans les collèges et les lycées voisins. Je me rappelle qu’à Triel (c’était hier soir) c’était aussi un témoignage de joie. J’ai constaté la joie, la ferveur, et le courage dans l’annonce de l’Évangile dans les lieux que j’ai visités.

Que vous ont dit vos paroissiens à l’issue de votre visite ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui est revenu souvent ?

La visite n’était pas une visite sous forme de questions-réponses – à l’évêque qui passe, on va lui poser des questions et lui demander qu’il nous réponde ; c’était plutôt de vivre, avec les gens qui sont sur ces paroisses, leur vie ordinaire, de la partager. Pas simplement en couchant sur place mais aussi, par exemple, en visitant des personnes dans des cités, dans des immeubles avec les personnes qui les visitent habituellement. Et puis pour la préparation d’une rencontre ou d’une réunion sur un sujet, j’ai pu aussi le faire avec eux. C’était plus sous cet aspect-là.

Les choses qui reviennent assez souvent, ont été la joie d’être ensemble, et le désir des uns et des autres de resserrer l’entraide mutuelle, entre paroisses voisines. C’est beaucoup venu, et en même temps, chez certaines on sent qu’on est tellement bien chez soi, ou l’on a tellement l’habitude de faire les choses uniquement entre soi que l’on a un petit peu de mal à les faire en y invitant, ou bien en participant avec ce qui se fait à côté. C’est un travail à perfectionner, à intensifier.

Une dernière question, avant de nous quitter. Comme vous le savez très certainement, le week-end prochain il y aura la Marche pour la Vie à Paris. Est-ce que vous vous y rendrez ?

Comme vous avez pu repérer mon emploi du temps, je suis toute la semaine et tous les samedis et dimanches en visite pastorale, donc je ne peux pas être partout. Évidemment, j’encourage beaucoup ceux qui participeront à cette Marche pour la Vie. Que les chrétiens expriment très clairement leur désir, et sachent l’expliquer de façon audible. La manifestation est une chose, mais les expressions que l’on emploie, ce que l’on dit, le langage positif que l’on emploie est très important.

Je sais bien que quelques fois, ces manifestations sont plus ou moins entendues, plus ou moins reçues, plus ou moins comprises. Nous continuons à dire pacifiquement ce que l’on a à dire. La vérité profonde finira par percer les cœurs et les intelligences, j’en suis sûr. C’est important que les chrétiens, avec d’autres d’ailleurs, puissent dire publiquement leur conviction de fond qu’ils savent bien en faisant cela, car c’est un geste qui coûte : ce sont des gens qui prennent sur leur vie de famille, sur leur emploi du temps, sur leurs congés pour faire ça. Manifester, c’est réjouissant d’une certaine manière, mais d’un autre côté c’est un effort considérable, et cela veut dire quelque chose. Donc je l’encourage, bien entendu.

Merci Monseigneur.