Homélie du 5e dimanche de Carême – 3e scrutin

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  • Qu’est-ce que j’aime cet évangile, non pas parce que Lazare est ressuscité, mais parce que Jésus pleure ! Quelle joie de le voir pleurer ! C’est tellement difficile de penser à Jésus homme comme nous, nourrisson dans la crèche comme nous, lui qui est fils de Dieu : on pense peut-être plus souvent à Jésus comme fils de Dieu, que comme homme ? On a souvent tendance à aller à Dieu directement non, on est pressé ?: prier Dieu le Père plus que de passer par Jésus…
  • Alors le voir pleurer devant son ami mort, comme nous qui pleurons devant un être aimé qui vient de mourir ; comme nous qui exprimons notre tristesse en laissant couler de nos yeux … ça m’aide à concevoir que Dieu a pris notre humanité
  • Pour aller vers le Père, il ne faut pas oublier de passer par l’humanité de Jésus parce que nous risquons de passer aussi à côté de sa mort et de sa résurrection. Oui, parce que si on oublie que Jésus est homme, il est difficile de concevoir qu’il meurt ; et si il ne meurt pas, il ne peut pas ressusciter non plus…
  • Donc cette tristesse que Jésus exprime me permet d’être plus intime avec lui, de vivre avec lui en ami, de me laisser plus entraîner par lui. Tiens il est comme moi, il pleure quand il est très triste, il a même des larmes qui coulent. Il a mon corps, il a les mêmes difficultés que moi alors… Il va même mourir, il est donc pleinement homme. Moi aussi je vais mourir, je suis pleinement homme. Et donc lorsque Jésus ressuscite c’est avec un corps comme le mien qu’il ressuscite… pourquoi pas pour moi alors…
  •  Et ce qui est magnifique, c’est qu’au moment même où il se révèle pleinement homme, au plus identique à moi, donc à quelqu’un à qui je peux ressembler, il se révèle pleinement Dieu, en réalisant ce qui est le propre de Dieu: il donne la vie à un mort, il ressuscite un homme. C’est juste après avoir pleuré, avoir été faible pourrait-on dire, qu’il se révèle le plus puissant en redonnant la vie. Il réalise l’acte le plus difficile à croire pour nous et pourtant fondement de notre foi, révélateur d’une puissance propre à celle de son Père, puissance pleinement divine.
  • Il me donne l’impression de vraiment tout faire pour nous aider à croire avec ses disciples qui doivent comme nous avoir bine du mal. … qu’il nous prend par la main pour nous mettre devant le tombeau : qu’en pleurant devant Lazare il pleure tous nos morts que nous pleurons ou bien que nous pleurerons. Et qu’il nous fait cette promesse: « tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ! » Voilà ce que vous allez vivre en me suivant : « je vous fera sortir de vos tombeaux, je l’ai dit et je le ferai » : vous ressusciterai comme moi, avec moi, même si aujourd’hui, comme moi, vous êtes tristes.
  • Cette résurrection est tellement difficile à croire, que Jésus prend le soin de nous se rapprocher au plus intime de nous en pleurant tout simplement comme nous.
  • Voilà le message que nous revivons aujourd’hui à Pâques. Voilà le mystère que nous vivons en étant baptisé.
  • Vivre et croire en Jésus, c’est accepter de se laisser prendre la main par lui et se laisser conduire devant le tombeau de Lazare pour assister à sa résurrection. Vivre et croire en Jésus c’est accepter de se laisser prendre la main par Jésus et plonger avec lui dans les eaux du baptême : le baptême c’est répondre à Jésus qui dit à ses disciples « allons auprès de lui », répondre avec Thomas « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! ». Il a tout compris. Allons-y nous aussi, mourir avec lui, avec Jésus qui lui est vainqueur de la mort. En plongeant dans l’eau du baptême, nous participons à cette vie sans fin que la mort physique ne peut pas détruire. Dans le baptême nous donnons à notre corps cette assurance qu’il ressuscitera, à la fin des temps, pour rejoindre mon âme qui elle est immortelle.
  • La résurrection de la chair signifie que cette chair (qui désigne l’homme dans sa faiblesse et sa mortalité) : il n’y aura pas seulement après la mort la vie de l’âme immortelle, mais que même nos corps mortels reprendront vie ! Au moment de la mort, notre âme, immortelle, se sépare de notre corps, et notre âme va à la rencontre de Dieu ; mais elle attend d’être réunie à son corps, qu’elle récupérera à la résurrection du Christ. Nous ressusciterons tous et nous serons jugés à ce moment-là par l’Amour de Dieu (nous serons jugés sur l’amour dit saint Jean de la Croix). A la fin des temps, à la résurrection du Christ.
  • Mais ce corps ressuscité sera transfiguré, un corps de gloire, un corps spirituel. Comme celui de Jésus à la résurrection. Il n’y a que dans la foi que l’on peut essayer de toucher ce mystère, car ce comment dépasse totalement notre imagination.
  • Comment notre foi nous permet déjà de vivre cette résurrection : par l’eucharistie qui nous donne un avant-goût de cette transfiguration de nos corps : le pain n’est plus du pain ordinaire, le vin n’est plus du vin ordinaire… de même notre corps lorsqu’il aura reçu cette transfiguration dans le Christ, par la participation à l’eucharistie ; d’où l’importance de notre participation à l’eucharistie.
  • Et en croyant en la force de Dieu qui a ressuscité Jésus, en demandant le baptême, nous sommes ressuscités avec lui, nous sommes réellement unis au Christ ressuscité. En nous nourrissant de son Corps dans l’Eucharistie, nous appartenons déjà au Corps du Christ.
  • Pour ressusciter avec le Christ, il faut aussi mourir avec le Christ, mourir à notre mort, mais aussi mourir à notre péché.

Père Matthieu Berger +

Lectures de dimanche: 5ème dimanche de carême année B, texte de l’année A, 3° scrutin
Ez 37,12-14 ; Ps 129(130) ; Rm 8,8-11 ; Jn 11,1-45