« M et le 3e secret » – Réaction d’un paroissien

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Ce film « M et le 3e secret » que je n’avais pas vu jusqu’à sa projection hier soir à la cité Saint-Martin, me laisse une impression curieuse. Je me permets de vous en faire part.

La forme, à titre personnel, me gêne un peu. J’ai eu le sentiment d’assister par moments à un reportage du style de ceux que l’on passe sur Arte où se succèdent à rythme soutenu des interventions découpées astucieusement de manière à faire apparaître une thèse, sans jamais laisser s’exposer la ou les positions opposées ; et à d’autres moments à une superproduction type Da Vinci Code, mais sans les ficelles narratives et les acteurs qui vont habituellement avec ce genre de fiction. Il est sans doute vrai que ce rythme de documentaire plait à notre époque ; s’il permet de toucher un public large, il est bon qu’il puisse exister.

En revanche, sur le fond, je crois que Pierre Barnérias s’est laissé piéger – sans doute à son insu – par la théorie du complot sédévacantiste.

On trouve sur Internet le contenu de ce 3e pseudo-secret de Fatima dont il est fait implicitement référence dans le film. Outre le fait qu’il brosse un tableau de désolation sur fond de peur de conflit atomique (c’est l’ambiance de la guerre froide car ce texte est écrit en 1963), on y trouve la signature typique de ceux qui pensent que depuis Vatican II, il n’y a plus de pape, mais un imposteur.  Par exemple : « Même aux postes les plus élevés, c’est Satan qui gouverne et décide de la marche des affaires. Il saura même s’introduire jusqu’aux plus hauts sommets de l’Église. ».

Il est très difficile de combattre cette théorie du complot car elle s’auto-alimente par des raisonnements circulaires : faux pape disciple de l’Antéchrist, révélation d’un faux « vrai secret » par le Vatican, cardinaux complices du faux pape, franc-maçonnerie qui tire les ficelles, communistes infiltrés, etc.

Le véritable troisième secret de Fatima publié officiellement par le Vatican en 2000, assorti du commentaire théologique du cardinal Ratzinger, est infiniment plus profond et plus important que les deux premiers secrets car il révèle l’épreuve ultime de l’Église bien décrite dans le Catéchisme de l’Église catholique aux n° 675 et suivants. L’Église affirme que sa fin sera semblable à celle du Christ : elle devra être persécutée, elle subira le martyre (à la fois sanglant, et à la fois intérieur). Tout cela est annoncé dans Mt 24, dans l’Apocalypse, et dans bien d’autres textes de l’Écriture.

Même si l’Église est passablement chahutée de nos jours dans les pays occidentaux, on voit bien que nous sommes très loin de la persécution et du martyre ; et puis elle est bien vivante dans le reste du monde (si l’on excepte les terres d’islam). La fin des temps n’est sans doute pas du tout pour notre époque.

Pour revenir au film et terminer sur une note positive, j’ai été particulièrement touché par le témoignage de la miraculée de Lourdes, ainsi que par la simplicité de cet habitant de Garges-lès-Gonesse propriétaire de cette icône qui pleure.

Un paroissien de Triel
8 octobre 2016