Formation théologique : la liturgie – partie 2/2

Retranscription de la formation théologique du mardi 13 décembre 2016 – père Loïck Bélan

Partie 2/2 : la liturgie eucharistique.

Note du rédacteur : Cette retranscription est le fruit d’une prise de note en séance. Certains passages sont particulièrement techniques et quelques coquilles ont pu se glisser dans ce document. Elles seront corrigées au fil de l’eau. Veuillez m’en excuser par avance.

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Terminons l’année en beauté. Je suis heureux d’être avec vous ce soir. Je vais commencer par une belle petite lecture (ce n’est pas la parole de Dieu) :

« La messe à Rome au milieu du IIe siècle… »

Ça fait quoi le milieu du IIe siècle ?  Vers l’an 150. C’est de Saint Justin (100-165) ; philosophe, martyr, que nous lisons et c’est le plus vieux récit qu’on ait de la structure de la messe d’un seul tenant, alors écoutez bien. Si jamais vous reconnaissez des trucs, vous levez la main gentiment.

« …le jour qu’on appelle jour du soleil a lieu le rassemblement… »

Attention, c’est chez les Romains. Je vous le dis en passant, mais à Rome on a parlé grec jusqu’au milieu du IIIe siècle. Pour nous, le jour du soleil, c’est le jour du Seigneur.

« … en un même endroit de tous ceux qui habitent la ville ou la campagne… »

Notez qu’ils venaient à pied et ce jour-là, c’était un jour de travail : c’était leur lundi, le dimanche ; ils travaillaient.

« …on lit les mémoires des apôtres et les écrits des prophètes autant que le temps le permet. Quand le lecteur a fini, celui qui préside prend la parole pour inciter et exhorter à l’imitation de ces belles choses. Ensuite nous nous levons tous et nous faisons des prières.  Puis comme nous l’avons dit, on apporte à celui qui préside, du pain, du vin et de l’eau. Et pareillement, celui qui préside fait monter au ciel prière et actions de grâce tant qu’il peut et le peuple pousse l’acclamation : Amen ! »

Notez que cette acclamation c’est le grand « amen ! » après « par lui avec lui et en lui« 

« … puis à lieu la distribution et le partage des choses eucharistiées… ».

Qu’est-ce que c’est beau. Cela m’émeut. Vous voyez, ils ne disent pas l’eucharistie.

« … à chacun et l’on envoie leur part aux absents par le ministère des diacres. Ceux qui sont riches et qui le veulent donnent, chacun selon ce qu’il s’est lui-même imposé. Ce qui est recueilli est remis à celui qui préside et il assiste les orphelins et les veuves, les prisonniers, en un mot il secourt tous ceux qui sont dans le besoin. »

(ndr : Voici une version électronique grec / française de la première apologie qui n’est pas tout à fait la même traduction française mais qui contient le texte grec original ; vous trouverez la lecture précédente page 143, paragraphe LXVII.)

Je termine, je ne résiste pas :

« Cette nourriture, nous l’appelons eucharistie et personne ne peut y prendre part s’il ne croit à la vérité de ce qu’on enseigne chez nous, s’il n’a reçu le bain pour la rémission des péchés et pour la nouvelle naissance, et s’il ne vit selon les préceptes du Christ. Car nous ne la prenons pas comme un pain et une boisson ordinaire. De même que Jésus-Christ notre sauveur s’étant incarné par la vertu de la parole de Dieu en chair et sang pour notre salut, de même la nourriture eucharistiée par la prière et la parole venant de lui dont sont nourris par assimilation notre sang et nos chairs, est chair et sang de Jésus incarnés. Telle est notre doctrine »

(ndr : ce passage est situé au paragraphe LXVI – page 141 de la traduction.)

Je me suis occupé, pendant un temps de ma vie, de beaucoup de catéchumènes et j’ai été époustouflé que certains textes des Pères de l’Église passaient mieux que n’importe quoi pour expliquer le Saint Mystère. Le sujet de ce soir est la liturgie eucharistique.

Combien de partie dans la messe ? Il y a deux tables qui n’en font qu’une : liturgie de la parole et la liturgie de l’eucharistie. Jamais l’Église n’a dit la messe sans parole de Dieu et jamais la messe n’a été célébrée sans qu’il y ait communion de quelqu’un (au moins le prêtre). (ndr : voir la partie 1 de cette formation).  Ce soir on laisse tomber la liturgie de la parole et donc on s’occupe de la liturgie eucharistique.

La liturgie Eucharistique comprend combien de parties ? Il y a trois parties (qui en fait en sont quatre) :

  1. La Présentation des dons
  2. La Prière eucharistique
  3. Les rites de communion

Au séminaire on ne nous l’apprenait pas comme cela. Mais quelle a été ma joie de découvrir que cette parole que le prêtre dit à chaque messe, même les enfants la connaissent par cœur : « il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit, et le leur donna ». Voilà les quatre actions du Seigneur, nos trois parties, les rites de communions comprenant la partie « il le rompit » ce qui va donner l’Agneau de Dieu et la fraction et puis « il le leur donna » la communion.

C’est pour ça qu’on m’a cité quelques prêtres qui cassent l’hostie pendant la consécration, par ce que c’est à ce moment-là qu’on dit « il le rompit ». Ce n’est pas bien, ils se trompent. Quand on dit « il prit le pain, il le rompit », on fait dire à l’hostie que c’est rompu. L’Église, qui est plus intelligente que le gars qui fait cela, attend le moment de l’Agneau de Dieu pour donner un sens infiniment plus rempli de la plénitude du Christ qui se donne au moment de la fraction et de l’Agneau de Dieu, donc c’est à ce moment-là que l’on va donner de la solennité à la fraction.

Retenez bien cela : vous voyez la liturgie c’est pas un tiré à part de trucs qui nous plairaient. Je vous ai parlé l’autre fois de la décoration, de la cérémonie, mais c’est de la parole de Dieu mise en prière la Liturgie. Et donc de savoir que dans le « il prit le pain », cela va nous donner la préparation des dons.

Voici la seule chose que j’ai écrite de ma vie alors j’espère qu’il n’y a pas trop de fautes ; vous le garderez et j’y ferai allusion de temps en temps. Je vous demande de le relire avec votre bible à côté, il y a quelques références, mais là vous avez le sens de la messe.

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Une des choses que j’aime bien à la messe c’est que l’on fait des choses, on accomplit des gestes, des attitudes ; j’aime bien cela parce que c’est simple. À la messe, il ne s’agit pas de se concentrer. Il s’agit de se recueillir. La liturgie est faite pour les gens fatigués ! Quand on est fatigué, on peut faire un geste. Le recueillement, disait un ancien supérieur de séminaire que vous n’avez point connu, c’est du latin recordare reprendre le chemin du cœur. Et ça c’est marrant : notre tête peut être fatiguée, mais jamais notre cœur.

Donc j’ai pris comme titre pour vous faire comprendre : de la main qui « se sert » à la main qui « reçoit ». Écoutez bien, je voudrais vraiment que vous compreniez cela.

Quel jour le seigneur Jésus a institué la messe ? Le Jeudi saint. – Pourquoi on célèbre le dimanche la messe ? Parce que c’est le jour du Seigneur ressuscité.

Donc le Seigneur le Jeudi saint, le lendemain, c’est le Vendredi saint. Et le Vendredi saint, il a donné sa vie.

Alors la veille du jour où il fut livré, qu’est-ce qu’il fait ?  Le Seigneur prit du pain (au cours de la pâque juive, d’accord), mais d’une certaine manière s’il avait donné sa vie sur la croix, il y en a qui auraient trouvé moyen de dire « maintenant qu’il peut plus faire autrement… » tandis que le Jeudi saint, alors qu’il n’est pas arrêté, il livre sa vie. Mais le Jeudi saint, pour livrer sa vie – et ce n’est pas une partie de sa vie, ce n’est pas ses trente-trois ans qu’il offre – il rassemble toute sa vie, de fils de Dieu, pour donner cette vie si pleine, pour montrer ce qu’il se passe le lendemain il prend du pain et du vin.

À l’époque d’Adam et Ève, Ève prit le fruit. La messe cela va être d’un bout à l’autre l’histoire d’une humanité qui se rend compte qu’elle est bête comme ses pieds depuis les origines et qu’elle a un Sauveur qui vient lui dire de la part de Dieu : c’était à moi de te le donner et non à toi de le prendre.

C’est pour cela que j’ai intitulé le paragraphe du feuillet « de la main qui se sert à la main qui reçoit ».

Le péché originel c’est de ne pas s’être laissé aimer de Dieu et d’avoir voulu se servir soit même pour pas avoir besoin de Dieu car on est assez grand tout seul. C’est de dire non à ce qu’il faudrait dire oui et puis de dire oui à la tentation. Et là, la messe, c’est au contraire célébrer que l’on ne se sert pas mais qu’on reçoit ce que Dieu veut nous donner depuis toujours, mais on ne l’avait pas compris. On a voulu faire à notre volonté en croyant que Dieu est un ennemi qui ne sait pas ce qu’il veut. Entre parenthèses, je ne sais pas si cela vous arrive de faire une prière où vous avez l’impression de ne pas être exaucé : je vous livre une superbe phrase de saint Augustin (c’est dans un livre qui s’appelle « lettre à Proba » sur la prière; Proba est une dame).

Il dit : « si Dieu ne nous exauce pas tout de suite, c’est qu’il nous laisse du temps pour que notre désir, en continuant de le prier, creuse en nous la capacité d’accueillir ce qu’il veut nous donner ». Depuis que j’ai lu cela, ça m’aide bien dans ma prière. Dieu, par son Esprit, travaille en toi ; il ne te donne pas tout de suite, mais il te donne le désir qui va travailler ton cœur pour préparer en toi la capacité d’accueillir.

Dans la bible, prenons le texte du deutéronome Chapitre 26 versets 1 à 11 :

1 Lorsque tu seras entré dans le pays que te donne en héritage le Seigneur ton Dieu, quand tu le posséderas et y habiteras, 2 tu prendras une part des prémices de tous les fruits de ton sol, les fruits que tu auras tirés de ce pays que te donne le Seigneur ton Dieu, et tu les mettras dans une corbeille. Tu te rendras au lieu que le Seigneur ton Dieu aura choisi pour y faire demeurer son nom.

Il faut comprendre l’église la plus proche.

3 Tu iras trouver le prêtre en fonction ces jours-là et tu lui diras : « Je le déclare aujourd’hui au Seigneur ton Dieu : je suis entré dans le pays que le Seigneur a juré à nos pères de nous donner. » 4 Le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu.

Ça c’est vraiment intéressant, il ne suffit pas d’apporter les prémices (c’est à dire les premiers fruits) d’un pays qu’on avait pas avant, mais il faut que cela soit accompagné d’une profession de foi ; c’était pas obligé. Faites bien attention à ce que je vais vous dire là parce que c’est à transmettre aux enfants et ils comprennent ! En quoi consiste la profession de foi :

5 Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse. » 6 Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage. 7 Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. 8 Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges. 9 Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. 10 Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur. Ensuite tu les déposeras devant le Seigneur ton Dieu et tu te prosterneras devant lui. 11 Alors tu te réjouiras pour tous les biens que le Seigneur ton Dieu t’a donné, à toi et à ta maison. Avec toi se réjouiront le lévite, et l’immigré qui réside chez toi. »

Je voulais vous dire cela et vous faire une petite litanie sur en liturgie l’importance du mot « présent ». Le mot « présent » – cadeau – et « présent » – maintenant – et attention en liturgie c’est très important ; maintenant que ça se passe. La « présentation » des dons ; c’est magnifique. Retenez bien ce mot-là : être présent, présenter. Donc le seigneur Jésus rassemble tout ce qu’il est et pour montrer qu’il donne sa vie, il prend du pain.

Le « il prit le pain » à la messe que nous célébrons, c’est qui « il » ? C’est Jésus. Lors de la messe qui est Jésus ? Le prêtre.

Je recommence : « il prit le pain », il faut que le prêtre s’en charge sinon il n’y aurait pas de messe.

Mais cela ne suffit pas : parce que vous dans votre famille vous avez essayé depuis dimanche dernier d’être les prêtres de ce monde. Par votre baptême vous êtes des prêtres ; vous le savez bien ; mais vous êtes des prêtres pas toujours à la hauteur.

Quand j’ai un médecin qui vient présenter le pain ou le vin à la messe, il y a déjà des malades qu’il a tout de même guéri, il ne les a pas tous tués. Qu’est-ce que l’on va mettre dans notre prière ? des choses réussies. On rend grâce. Et pour rendre grâce vous allez passer avec Jésus Christ. Maintenant vous êtes le médecin qui a raté, voir gravement raté, voir irrécupérable et qui vient présenter le pain ou le vin à la messe. Est-ce que cela je le cache ? On est devant Dieu. J’ai honte, mais ce n’est pas grave ; on rassemble toute notre vie pour l’apporter au Christ pour que cela devienne une offrande pure.

Mais dans la manière dont je vais prendre le Pain, au moment où vous allez prendre le Pain et le Vin, il faut qu’il y ait dans ce simple geste un acte de foi concret pour remercier Dieu de tout ce qu’il nous a donné, et réaliser qu’il n’était pas obligé. Faire scruter à des jeunes, leur mettre la litanie, leur faire prendre conscience de tout ce qu’ils ont reçu.

Là, ce n’est plus Adam et Ève qui piquent à Dieu ce que Dieu veut leur donner. On va se servir de tout cela pour dire « Tu es béni Dieu de l’univers, toi qui nous donne, toi qui nous donne ». Il y a un acte de foi adressé au créateur. Et l’on voit que le rédempteur ne doit pas être loin du créateur car il y a des choses que si on veut le dire en toute vérité « je te le présente alors que je sais que j’ai été fragile », alors il va falloir que ça passe par les mains du Christ et c’est là tout le trajet de la procession. C’est nos prémices. C’est la petite dame qui vient avec les fruits de sa terre au bout d’un an, et nous c’est au bout d’une semaine qu’on vient l’apporter.

Surtout, ne faites jamais l’erreur en liturgie de mettre vous-mêmes les dons sur l’autel. L’autel ne vous appartient pas. L’autel fonctionne avec la croix et avec le pain et le vin qui deviennent des offrandes. Mais vous voyez dans les missels on trouve encore les mentions « prières sur les offrandes », « offertoire », « prière des dons »… Avant Vatican II c’était les mots qu’on utilisait. Alors on les a gardés car la liturgie ne change pas tout d’un coup, mais maintenant l’appellation contrôlée c’est « la préparation » et « la présentation des dons ». C’est magnifique ces appellations.

Souvent avec les enfants, je leur demande qui donne à qui ? Est-ce que c’est moi qui donne à Dieu ou est-ce que c’est Dieu qui donne ? c’est tout cela qui se joue.

Qu’est-ce que j’ai fait des prémices, des fruits ?  « Tu es béni. Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons : il deviendra le pain de la vie ».

Et ceux qui apportent le pain et le vin, ils apportent au prêtre qui reçoit. C’est important ce moment-là, qu’il y ait un contact presque de main à main où le prêtre n’arrache pas, mais reçoit ; qu’est-ce que c’est important ce moment-là. Sur le plan de l’eucharistie, c’est un des moments-clef ou le Christ- tête  se branche sur le Corps.

Quand on a donné, on n’a plus rien, donc on retourne à sa place. À l’autre bout de la liturgie, on va revenir avec les mains vides pour qu’elles soient remplies du Corps du Christ. Vous comprenez ? C’est pour cela que je trouve dommage qu’on restreigne cet immense geste : apporter le pain et le vin. C’est dommage de le réserver aux enfants et aux servants d’autel, mais cela devrait être tout le monde. Il faut que ça change dimanche après dimanche. Cela transforme la célébration de l’eucharistie. C’est le seul lieu où les fidèles ont un truc à faire.  Mais si on ne les fait pas participer, on perd le sens.

J’ai des textes un peu compliqués mais immensément beaux : « le sens de la préparation des dons » de Mgr Robert Coffy. Il a écrit naguère un chef-d’œuvre que voici :

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Est-ce que Dieu peut eucharistier les trucs ratés ? C’est ça l’enjeu. Ce n’est pas le fait de faire la grande procession du fond de l’église, mais ce que je ne veux pas, c’est que le prêtre se serve ou que ça soit le truc des enfants de chœurs car sinon on ne fait pas parler le baptême des gens qui sont là. « Il prit le pain », c’est que le « Il », il est dans chacun de nous. Nous avons ramé toute la semaine. Ça n’a pas toujours été brillant, mais nous avons ramé !

Prendre conscience que tout ce que l’on est, c’est don de Dieu et que à la messe ce qui se passe, c’est qu’on va saisir parmi les dons de Dieu le pain et le vin comme Jésus a pris le pain et le vin avec les mêmes sentiments d’amour pour montrer qu’il confiait sa vie au Père. De même que la petite goutte d’eau dans le vin, normalement c’est en silence. Quand le prêtre dit des prières en silence c’est pour l’aider à prier. Avant Vatican II, il y en avait plein et donc on a coupé dedans et on en a gardé quelques unes qui sont très belles. Quand on embrasse l’évangile, en embrassant, il dit « que cet évangile efface nos péchés ». La simple proclamation de cette bonne nouvelle, dans un monde pas terrible, c’est un ensemble qui parle. Il faut vraiment faire attention à la manière dont on proclame la parole de Dieu.

Donc pour la petite goutte d’eau : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ». Vous lirez dans la feuille « admirable échange », il y a des citations splendides des Pères de l’Église. Dès que l’on dit « notre Humanité », c’est l’humanité du Christ. Si on met pas l’eau il n’y a que la divinité et il n’y a plus la passerelle avec l’humanité. C’est nous qui apportons cette humanité que l’on partage avec le Christ et c’est lui qui va en faire une offrande.

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Préparer, c’est techniquement les hosties, les calices, les burettes, les porteurs, … mais il faut être capable de dire aux gens qui vont porter « ne faites pas cela » : quand je passe au prêtre quelque chose, on ne passe pas comme une lettre ; pour donner le sens à ce qu’on a à donner, jamais avec une seule main ! On ne prend jamais un calice d’une main. Quand vous portez ces objets qui vont aller sur l’autel, il faut vraiment les prendre prendre à deux mains. Je fais avec une petite élévation toute simple en le donnant et le prêtre ira le poser sur l’autel.

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Quand on est ministre extraordinaire de la communion, on reçoit avec les deux mains. Mais quand on doit faire le signe de croix, comment fait-on ?

Dans la Bible, repérez bien toutes les manières dont Dieu, ou les hommes de Dieu, bénissent. Au moment où ils n’ont pas le signe de croix, Dieu bénit quand même… Au moment où le Seigneur est sur la Croix et par la résurrection évidemment il n’y a pas de plus beau geste que la bénédiction, sauf l’eucharistie. Donc si ça ne vous suffit pas de vous laisser bénir et de porter l’eucharistie…

Vous me faites penser aux gens qui, quand ils communient, font une génuflexion en même temps qu’ils font le signe de croix (et je ne me moque pas, je suis plein de respect). Vous n’êtes pas obligé de vous signer sans arrêt ! Surtout quand vous avez l’eucharistie. Vous vous laissez bénir sans rien faire et c’est très beau. Le prêtre peut vous bénir ou vous remettre solennellement les choses sans rien dire. L’essentiel c’est que l’on voit bien que ce n’est pas du pain ordinaire.

La présentation des dons : vous y penserez quand le 2 février, on célèbrera la Présentation au Temple de l’enfant Jésus. Donc les dons sont sur l’autel. Les dons c’est la prière eucharistique. Voici une feuille qui est la photocopie de ce que c’est la prière eucharistique dans L’Art de célébrer la messe ; qu’est-ce que c’est beau.

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Au numéro 78 : « c’est maintenant que commence ce qui est le centre et le sommet de toute la célébration ».

C’est quoi « maintenant » ? c’est quel moment exact « maintenant » ? À quoi cela se voit que c’est « maintenant » ? Cela commence au dialogue. Je vous ai parlé la dernière fois du mariage qu’est toute liturgie (ndr : confère partie 1 de la formation). La liturgie, c’est le moment où Dieu célèbre son mariage avec nous. Et donc toute notre prière va consister à nous laisser prendre par le bras, par le Christ. Le Christ s’associe toujours son Église, son épouse bien aimée, pour rendre un culte à Dieu.

Normalement, l’autel a un sens convivial : c’est la table de la parole de Dieu. Il a un sens vertical : ça monte. Normalement, le prêtre ne doit pas parler par-dessus l’autel, sauf au début où justement il vient vous chercher. Il a déjà dit juste avant, après la prière sur les dons : « Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église » ce qui sera mieux traduit du latin dans le prochain missel par « priez mes frères pour que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréé de Dieu le Père tout-puissant ».

De la même manière il vient vous chercher : « le Seigneur soit avec vous », « élevons notre cœur » et « rendons grâce au seigneur notre Dieu ». Ce sont des paroles qui apparaissent souvent dans la Bible. Il vient vous chercher pour bien que vous soyez participants de la prière que le Christ fait monter par son prêtre. Mais vous n’êtes pas là à attendre que ça se passe ; vous n’êtes pas des assistants. Il faut que votre cœur fonctionne le plus possible avec ce que dit le prêtre. Aux jeunes diacres que je forme à célébrer la messe, je leur dis toujours : « quand tu pries à l’autel, ta prière s’adresse à Dieu ». C’est pour ça qu’il faut pardonner à vos prêtres, c’est drôlement difficile d’être tenu à prier devant tout le monde ! Prier tout haut, libérer, sans filer, mais de telle manière que dans ma prière tout haut, il y ait un destinataire oblique (c’est le terme technique) qui est vous. La prière s’adresse à Dieu mais de telle manière que vous rentriez dans cette prière pour y participer car cette prière c’est celle du Christ.

C’est la différence entre assister et participer. C’est vraiment important. L’Église pendant des siècles a laissé les fidèles s’occuper sans les textes de la messe car c’était le truc du prêtre. C’est la réforme de Vatican II qui a fait évoluer les choses. Maintenant, j’espère qu’à Triel il y a une bonne sonorisation et que vous ne lisez pas Magnificat pendant la prière de la messe !

De la même manière qu’il y a une épiphanie du Seigneur à travers son Église en prière, quand il y a une grande communion dans les chants, de la même manière, le silence de l’Église en prière est très impressionnant. Et si ce silence accompagne la prière du Christ, du prêtre, c’est beau.

Reprenons le paragraphe 78 de l’Art de célébrer la messe :

« 78. C´est maintenant que commence ce qui est le centre et le sommet de toute la célébration : la Prière eucharistique, prière d´action de grâce et de sanctification. »

Comprenez-vous ces mots-là ? Moi j’ai mis du temps. Cela veut dire « qui nous rend saint ».

« Le prêtre invite le peuple à élever les cœurs vers le Seigneur dans la prière et l´action de grâce »

La vraie traduction de « élevons notre cœur – nous le tournons vers le Seigneur » est « nous le tournons vers le Dieu ». J’ai apporté avant saint Justin, pour vos yeux, les bribes de la prière eucharistique au cours d’une ordination d’évêque, c’est ce qu’on appelle la tradition apostolique. On date cela de la fin du IIe siècle, début IIIe :

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Vous voyez, il y a du grec et du latin. Si un jour quand vous aurez l’occasion de toucher ces livres de prière de l’Église, à un moment où il n’y avait pas l’imprimerie, le prêtre avait le sacramentaire ; le diacre avait l’évangéliaire ; le chantre avait le grand antiphonaire. Chacun avait son rôle selon sa tâche. C’est très important de recevoir avec respect cette liturgie qui est donnée. Certes, il y a eu des changements, latin, grecs, français, mais l’essentiel n’a jamais changé.

Alors continuons : « […] et il s’associe dans la prière qu’il adresse à Dieu le Père par Jésus Christ dans l’Esprit Saint, au nom de toute la communauté. »

« et il se l’associe » ça vous rappelle quelque chose ? « Le Christ s’associe toujours son Église ». C’est le rôle du prêtre que d’incarner le Christ.

Quel est le petit nom du Saint Esprit ? Le don de Dieu, c’est un des noms du Saint Esprit.

« Le sens de cette prière est que toute l´assemblée des fidèles s’unissent au Christ dans la confession des hauts faits de Dieu et dans l´offrande du sacrifice. La Prière eucharistique exige que tous l’écoutent avec respect et en silence. »

Aller lire le petit f) . À mon avis, c’est ce qui est le plus malade dans la liturgie eucharistique. Vous voyez c’est presque du mot à mot repris du Concile :

« f. L’offrande: au cœur de cette mémoire, l’Église, surtout celle qui est actuellement ici rassemblée, offre au Père, dans le Saint-Esprit, la victime sans tache. L’Église veut que les fidèles non seulement offrent cette victime sans tache, mais encore qu’ils apprennent à s´offrir eux-mêmes et soient parfaitement réunis, de jour en jour, par la médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux, pour qu’à la fin Dieu soit tout en tous. »

Voilà le programme mes frères et sœurs ! C’est là que l’on a péché dans la génération après le Concile. On n’a pas insisté assez sur ça : votre vie ne compte pas pour du beurre ! Et donc cette vie-là, grâce aux premiers pas du Christ qui donne tout, il faut qu’il y ait comme une gravitation qui vous aspire avec lui. Vous lirez l’épiclèse. (ndr : Dans la célébration eucharistique, c’est une prière qui appelle l’intervention de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est invoqué par l’imposition des mains sur le candidat et l’eau du baptême, sur le front du confirmé, sur le pain et le vin de l’Eucharistie, sur le malade, sur le candidat aux ministères ordonnés, sur le pénitent…)

Ce geste de haut en bas, c’est le truc du Christ. Ce geste là, c’est l’appel épiclèse (l’appel sur, les mains tendues qui descendent) c’est pour cela que dans tous les sacrements, il y a ce geste-là.

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Au fait, combien ne sont jamais allés à une ordination ? Venez le 29 juin, vous comprendrez plein de trucs de l’Église en venant à une ordination. Ce geste-là est le geste principal où l’évêque demande l’Esprit Saint et après il y a tout le presbyterium, tous les prêtres du diocèse qui viennent et qui font le geste pour imposer les mains à tour de rôle sur chacun des diacres ordonnés prêtres. Le maximum de prêtres sont là et c’est le dimanche après-midi le plus près possible du 29 juin. Il faut en avoir vu et prier une fois dans sa vie pour comprendre ce que c’est que ce mystère du prêtre avec le peuple.

Les rites d’ordination commencent par un appel au Saint Esprit tous ensemble ; puis ensuite il y a un dialogue ultime entre l’évêque et les futurs prêtres et après cela, ils s’allongent par terre. Quand il y a cette prostration, qui est-ce qui prie ? C’est le peuple qui prie et c’est la litanie des saints : c’est-à-dire que le don de l’Esprit Saint s’exprime à partir de la prière de l’Église et c’est vous ce rôle-là. Je fais vraiment attention à ce que les prêtres ne pensent jamais le sacerdoce sans les fidèles et inversement. Ça marche ensemble.

C’est pour cela que je suis tellement fâché quand j’entends qu’un prêtre a dit la messe tout seul : cela n’a pas de sens car il n’y a pas de dialogue, le mariage n’a pas lieu. Mais bon, quand j’étais jeune cela m’est arrivé de commencer une messe et que les gens ne viennent pas. Bon je vais pas faire marche arrière mais ce n’est pas normal.

Maintenant présentons la prière eucharistique et l’action de grâce qui est derrière :

Certains parmi vous sont-ils allés en Grèce ? Quand vous avez déposé à la terrasse du café le billet de cinq euros, le garçon de café vous dit « eucharisto » (ndr : merci en grec). D’où l’eucharistie.

Mais qu’est-ce que ça veut dire dire « Merci » quand c’est le Christ qui dit « Merci » ? Ce n’est pas simplement « merci qui ». Qu’est-ce que ça veut dire quand c’est le Christ qui dit eucharisto ? Je te rends grâce Père. J’ai toujours était frappé de ça : « La nuit même où il fut livré … » Notez que ça m’a toujours arrêté ce mot-là ; vous savez bien que dans toute vie humaine, un jour ou l’autre, il y a l’épreuve de la trahison. Quand ça arrive c’est la tuile. La nuit même où son amour est refusé et tordu par Judas et tout ce que représente Judas :

« […] il prit le pain, il le bénit, rendit grâce, le rompit et le donna a ses disciples en disant prenez et mangez-en tous ceci est mon corps livré pour vous. »

Voici que c’est le même mot à trois lignes d’intervalle qui a complètement changé de sens. On est passé de la réalité de la malédiction de la trahison à la réalité de la bénédiction de la vie du Christ. Je me suis posé la question :  où se passe le truc ? où est le retournement ?

Le retournement, c’est « il rendit grâce ». Parce que justement, quand le Seigneur fait cette prière-là, c’est au cours de la fameuse Pâque juive (ou dans ces eaux-là). C’est où l’on rend grâce car Dieu nous a libéré des Égyptiens. J’ai tellement souffert dans ma vie d’avoir entendu dire que Dieu envoyait son fils au casse-pipe. Il l’envoie à la mort pour que l’on vive nous ; c’est tout de même un curieux bon Dieu ! C’est pour cela que passer de la trahison à la bénédiction, où va-t-il trouver cette force de faire la volonté de son Père, qui est une volonté d’aimer comme il aime le fils et que le fils aime le père et que cette volonté est retournée par l’action de grâce (« il rendit grâce » sous-entendu au Père).

C’est tout à fait traditionnel dans l’Église aussi loin qu’on ait des sources qu’il y ait des noms au memento des vivants ou des morts (surtout des morts). Il ne faut pas perdre cette habitude-là, même si c’est un peu fastidieux. C’est tout à fait important de nommer les membres du Corps qui sont morts car cette prière-là concerne le Corps en entier.  Et donc ça se termine quand le prêtre dit « par lui avec lui et en lui » et il ne faut pas rater votre Amen car vous validez sacrément ! J’ai été dire la messe à Maurepas dimanche dernier ; les gens ne disaient pas Amen, j’aime mieux vous dire que je les ai rappelés à l’ordre :  je suis tout seul à dire la messe si vous dites pas Amen ; j’ai besoin que vous validiez, c’est pour vous qu’elle est célébrée cette messe ! Et votre manière de dire que c’est votre affaire, c’est Amen.

Avez-vous bien lu la définition de Amen sur la fiche de la prière d’ouverture (ndr : confère partie 1). Reprenez la définition :

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Nous nous offrons tous avec le Christ. Votre Amen doit sortir du cœur. Quand vous faites votre signe de croix, la bonne manière de célébrer la messe, c’est que tous les gestes que vous faites ce soit comme si c’était la première fois. Le truc unique. Et dans ce truc unique, votre cœur communie au sacrifice unique de la Croix qui est rendu présent par la prière de l’Église et par la grâce du Saint Esprit. Donc une des manières de goûter le côté répétitif c’est vraiment de l’habiter d’une façon présente. On prend conscience que tout ce qui est venu de Dieu et qui va à Dieu procède de son amour.

Quand je présente les offrandes, cela ne m’étonnerait pas que Dieu me prenne l’offrande ! Je n’ai pas les bras assez longs pour aller jusqu’au Ciel !

Je voudrais en vous disant cette chose-là vous faire goûter que ce sacrifice unique du Christ est accepté de Dieu, c’est-à-dire qu’il disparaît, et il nous est donné par Dieu pour que ça devienne notre nourriture. Ce sont les rites de communion : la manière d’exaucer c’est de continuer le don en communion.

 

Les rites de communion

Je vous assure que j’ai mis du temps à comprendre que le Notre Père commençait les rites de communion. Cela veut dire que quand vous allez dire Amen au ministre qui vous donne le Corps du Christ, votre amen est éclairé du Notre Père. Le Corps du Christ est éclairé du geste de Paix. Le Corps du Christ et votre Amen sont éclairés par la fraction « Il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit et le leur donna. » Pensez-y, reprenez tous les rites entre le Notre Père et le moment de la communion : cela enrichira votre manière de comprendre la présence réelle.

Comprendre la présence réelle, c’est réaliser la Présence. Combien de fois j’ai vu des gens captivités par une présence réelle d’eux seul avec Dieu, mais pas avec les autres ; c’était du chouchoutisme organisé ! Je le dis dans des termes triviaux, mais c’est important.

Je voudrais m’attarder un peu sur la fraction : vous savez que c’est le premier mot par lequel les apôtres ont appelé la messe ; même avant l’eucharistie, ils étaient fidèles à la fraction du pain. Donc vous savez que cette fraction la première fois qu’on en entend parler, c’est avec le récit des disciples d’Emmaüs.

Qu’est-ce que ça peut changer pour nous ?

D’abord, il faut qu’il y ait quelque chose à partager et le partage ne porte pas sur le fait du gâteau où chacun a un petit bout. Le partage porte sur le fait que c’est le Christ qui se partage en donnant une fraction. Ce n’est pas maman qui découpe le gâteau, c’est le Christ qui se partage et qui du coup donne à voir sa présence.

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À mon avis, on devrait prêcher beaucoup sur la fraction du pain pour conduire l’adoration eucharistique. C’est autre chose d’adorer l’eucharistie en ayant dans le cœur le mystère de la fraction à ce moment-là je suis obligé de penser aux autres. S’il y a fraction c’est qu’il y a sacrifice de sa part et dans le sacrifice même, il pense qu’on est plusieurs.

Vers le début du IVe siècle, à partir du moment où l’empereur très persécuteur s’est converti au christianisme, il y a eu beaucoup de gens à demander le baptême. Il y a eu des milliers de catéchumènes à demander le baptême puisqu’il n’y avait plus le danger de se faire trucider. En périphérie de Rome, il y avait des évêques qui rassemblaient les catéchumènes pour les catéchiser. Quand le pape disait la messe et faisait la fraction, un diacre venait prendre une parcelle de cette fraction et l’emmenait dans une pyxide (ndr : petit vase de métal qui sert à porter la communion aux malades) et donc il arrivait près du prêtre et déposait dans son calice la parcelle de l’hostie du pape, cela mettait une communion en eux. En plus de cela, quand le prêtre (normalement cela fait partie des prières à voix basse) fait la fraction, il prend une petite parcelle et il la laisse tomber dans le vin consacré ; qu’est ce qu’il dit à ce moment là ? C’est normal que vous ne le sachiez pas car il le dit « in petto » (dans son cœur). Tout au long de la messe, on a eu d’un côté le pain et de l’autre côté le vin qui sont séparé comme pour montrer que le Christ est vraiment mort et que son corps et son sang ont été séparés ; et là le corps et le sang de Jésus Christ réunis dans cette coupe nourrissent en nous la vie éternelle.

Non seulement on célèbre que ce Christ se rompt pour chacun de ceux qui vont le recevoir et que donc tous sont appelé à former un seul corps, mais on communie au seigneur ressuscité qui nous donne accès à cette vie livrée par sa passion. Au début quand on n’avait pas les petites hosties, jamais l’Église n’a adoré le Saint sacrement. C’est venu plus tardivement. Mais elle gardait du pain consacré pour les malades et jamais l’Église n’a jeté du pain consacré. Quand on voulait consommer au bout de la semaine le pain qui avait été consacré depuis le dimanche dernier, on devait le tremper pour qu’il soit mangeable. Du coup, comme cela de dimanche en dimanche, on était renvoyé à la première cène. L’Église vit son eucharistie en communion d’espace et de temps, jusqu’à ce qu’il vienne.

Le Seigneur dit « prenez et mangez-en tous« . Il y a des gens qui disent qu’on devrait mettre la patène sur l’autel et ceux qui veulent communier, venez-vous servir ! Ça serait honteux, mais peut être que l’un d’entre vous a connu dans une messe de jeune ou l’on se fait passer la patène. C’est aussi un repas. Mais on oublie quand on fait ça que « ma vie nul ne la prend c’est moi qui la donne ». C’est pour cela qu’on ne se sert pas.

Le rôle de l’évêque, du prêtre, du diacre d’abord, ayant reçu une ordination, leur fonction c’est justement d’être le signe du Christ qui se donne ; c’est ce qu’on appelle les ministres ordinaires. Si un jour vous êtes appelé à donner la communion, vous êtes un ministre extraordinaire. Ce n’est pas que vous êtes mieux, au contraire c’est juste parce qu’on ne veut pas dire que vous êtes anormal. Le normal c’est celui qui a reçu un sacrement non pas pour être plus, mais pour être autre. Pour des tas de raisons, quand une procession de communion durerait trop longtemps et que les malades – ça les malades il faut y penser, quand j’ai été ordonné on était content quand on aller donner la communion aux malades aux grandes fêtes. Pourquoi on laisserait tomber quelqu’un qui est venu à la messe toute sa vie du fait qu’il est malade ? Il faut qu’il puisse communier, c’est là qu’on permet que des laïcs donne la communion comme ministres extra-ordinaire.

Pourquoi pas le vin pour les fidèles ? Quand on communie au corps ou au sang du seigneur, on communie tout entier au seigneur, on en a pas plus ou pas moins. Ceux qui sont allergiques au gluten, ils peuvent communier au vin par exemple. Au cours des siècles, en gros à partir du IXe siècle jusqu’au XXe siècle, il n’y avait que le prêtre qui communiait au calice, pour des tas de raison, dont le principal motif était que le calice ne devait pas se renverser. Le Concile a tout à fait autorisé que l’on communie au vin. Au début c’était à certaine fêtes, dans certaines conditions. Maintenant ça serait possible à toutes les messes.

Qu’est-ce que cela rajoute en plus de communier au calice ? Quand j’étais curé à Guerville, tous les dimanches que le bon Dieu a fait, on a communié en présentant aux gens le précieux Sang ; on n’était pas très nombreux. Beaucoup de prêtres donnent la communion au précieux Sang aux messes de semaine quand on n’est pas trop nombreux. C’est le prêtre qui a le calice, qui prend une hostie, la trempe et qui dit « le Corps et le Sang du Christ ». Il la met dans la bouche. Je n’aime pas cette manière-là, mais depuis que j’ai vu des gens du voyage, des grandes armoires à glace, tomber à genoux dans la boue et se laisser nourrir comme des petits enfants, c’était magnifique. Mais je crois que c’est plus traditionnel de communier à la coupe directement. La personne qui donne est là pour essuyer avec le purificatoire pour qu’il n’y ait pas une goutte qui tombe. C’est un geste de respect, ce n’est pas un geste d’hygiène.