Editorial du 1er décembre 2019

Aimer chastement

Il est difficile d’aimer l’autre pour lui-même. Aimer davantage, aimer en profondeur. C’est une des grâces de l’Avent que de nous faire avancer sur le chemin de la chasteté. La vierge Marie, enceinte de Jésus, ne fut pas répudiée mais respectée par Joseph, lui-même visité par l’Esprit. Trop souvent, et c’est catastrophique, la chasteté est comprise comme absence de relations sexuelles. Disons-le clairement : un célibataire sans relations sexuelles, consacré ou pas, n’est pas forcément chaste ; une vie de couple, marié ou pas, peut être vécue de manière chaste.

Aimer davantage, aimer l’autre pour lui-même, un chemin de chasteté qui demande du temps, de la patience avec soi-même et avec la grâce de Dieu, pour tous nos états de vie. Dans toutes nos histoires familiales il y a des amours autoritaires, des baisers qui asphyxient ou qui sentent la trahison. Dans nos histoires ecclésiales, il y a des relations hypocrites, des attitudes de gourou intrusives ou des accompagnements tellement superficiels. Il y a aussi ces engagements qui servent trop à satisfaire un besoin pathologique d’être utile ou d’être loué comme le bon samaritain. Et dans l’épreuve de la maladie, combien de fois ne constatons-nous pas l’absence de présence à la personne malade de la part des proches ou l’envahissement jusqu’à ne pas respecter la liberté et la conscience du malade, y compris dans son désir de chemin intérieur ?

Que l’Esprit Saint, «Esprit de maîtrise de soi et de bienveillance», «nous couvre de son ombre». «Le Verbe qui s’est fait chair», aujourd’hui le Corps Ressuscité de Jésus, n’est pas donné pour des purs esprits, mais bien à des êtres de chair et de sang, avec leurs désirs et leurs pulsions, qui parfois nous font honte ou nous embarrassent, mais qui doivent devenir des forces pour aimer mieux, aimer sans retenir à soi ou dominer, aimer sans mettre à distance, aimer en profondeur.

Baudoin, prêtre