Editorial du 11 décembre 2022

« Es-tu Celui qui doit venir ? »

Nous nous tournons vers la crèche. Nous nous arrêtons comme les bergers, comme les mages. Nous restons là sans savoir quoi dire. Nous pouvons demeurer là longtemps. La Bonne Nouvelle vient de Dieu. Nous taire est le chemin pour que notre coeur soit inondé de joie, au milieu des nuits, comme l’était celui des parents de Jésus, comme l’était celui des bergers, comme l’était celui des mages. « Ce n’est pas un discours, ce ne sont pas des mots, l’oreille n’entend aucun son. Mais leur message parcourt la terre entière, leur langage est perçu jusqu’au bout du monde ». Psaume 18.

À l’heure où nous vivons comme une accentuation de la dimension tragique de l’histoire, forces du bien et forces du mal se décuplant et se combattant, restons étonnés devant le silence de la mangeoire. Silence qui laisse toute la place à la parole du coeur humain inondé de l’Amour de Dieu. « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière » disait Edmond ROSTAND. À l’heure des effondrements des pouvoirs civils ou religieux, contemplons l’enfant, « in-fans », celui qui ne parle pas au sens étymologique. Quand l’heure est aux peurs et aux doutes, aux replis identitaires et « l’à quoi bon ? », Noël nous parle de la présence humble et douce de Dieu dans l’effroi de nos tragédies du monde. Noël nous parle de l’action silencieuse de Dieu Sauveur dans les coeurs. On croit que Jésus dort dans la barque secouée par la tempête… « Mais n’est-il pas le maître du navire et des flots » ? Hymne de Vêpres vendredi III. « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra ». Luc XXIV, 44. À l’heure où nous penserons que Dieu nous oublié, que nous sommes abandonnés, Jésus se manifestera. Veillez !

Frère Baudoin, prêtre.