Editorial du 5 novembre 2023

Qu’apprendre des autres ?

Que pouvait bien apprendre le curé de Lourdes d’une illettrée, fille d’un père voleur de deux sacs de farine et qui avait fait de la prison ? Ce fut bien une surprise pour ce brave curé que de découvrir que Marie avait choisi la petite Bernadette, la famille la plus pauvre de Lourdes, pour faire passer son message.

Nous sommes tellement sûrs de nous ! Et Dieu est le Dieu des surprises ! Sur le chemin de Jésus, les surprises sont nombreuses et parcourent les Évangiles. De la Samaritaine égarée avec ses cinq maris successifs, au « collabo » Zachée … et tant d’autres, jusqu’au larron meurtrier crucifié à côté de Jésus ? Que de surprises pour Jésus ! Mais surtout, quelle capacité à se laisser surprendre, à apprendre de tout homme, lui le Fils de Dieu ! Quelle leçon de voir Jésus commencer par écouter et recevoir des autres, de chacun, lui le Fils de Dieu ?

Sommes-nous capables d’apprendre des autres ? Sommes-nous prêts à nous laisser surprendre ? N’est-ce pas là une attitude fondamentale pour vivre la mission aujourd’hui ? Si nous sommes, prêtres et laïcs, les sachants qui pensons avoir quelque chose à apporter aux autres, nous serons perpétuellement tristes d’être minoritaires. Si nous nous voyons comme chrétiens dans un monde indifférent, nous serons perpétuellement découragés.

Partir en commençant par écouter. Voilà le secret de la rencontre avec Dieu. Partir en étant capable de se laisser surprendre, voilà la joie du disciple-missionnaire. Voilà la clé pour comprendre la démarche synodale voulue par le Pape François pour toute l’Église. Une phase romaine, après les démarches dans les diocèses du monde, vient de se terminer. Pendant un mois, Pape, évêques, prêtres, religieux, laïcs hommes et femmes, se sont écoutés, ont prié ensemble. Un deuxième temps se déroulera à Rome en octobre 2024. Loin d’aboutir à des décisions, c’est un processus synodal que le pape François a voulu mettre en route et non pas organiser un “ événement”. Le propre de ce “processus” est de rester inachevé. Car nous vivons dans l’histoire. Que nos communautés deviennent synodales !

Frère Baudoin, prêtre.