« … et que l’on vienne en procession »

Je n’ai jamais fait de pèlerinage. Si, une fois je suis allée à Lourdes en accompagnant des amis portugais à Fatima. Il me reste un souvenir bruyant, fatiguant, coloré et fervent. C’était il y a très longtemps.

Début 2024, plusieurs proches m’ont parlé du pèlerinage diocésain annuel s’adressant entre autres à l’hospitalité des Yvelines et, après mûres réflexions, je me suis finalement jointe à eux en acceptant d’être rattachée au groupe de personnes fragiles ou malades. M’inscrire à ce pèlerinage ne me plaisait guère car, comme je l’apprenais plus tard, cela prévoyait l’utilisation de fauteuils roulants pour les personnes fragiles comme moi, comme moyen de transport sur le site. Or une fois sur place, j’ai vite compris que le fauteuil roulant représentait le meilleur dispositif pour couvrir rapidement les distances et ne pas retarder le groupe. Même le ciel n’excuse pas le retard ! Ce fut ma première leçon d’humilité.

Je passe sous silence la beauté du site, la sérénité des visiteurs le parcourant, la gentillesse du personnel hôtelier, la ferveur et l’enthousiasme des jeunes et des fidèles avant, pendant et après chaque célébration et messes et la disponibilité à tout instant des hospitaliers ; d’autres savent mieux en parler que moi. Je citerai seulement deux célébrations et une rencontre qui m’ont particulièrement marquée : « le geste de l’eau », le sacrement des malades et du réconfort et la chapelle Pax Christi.

Par « geste de l’eau », on comprend la répétition des gestes qu’accomplissait Bernadette à la demande de l’apparition lumineuse au moment du jaillissement de la source : laver les mains, laver le visage, boire l’eau. Je ne sais pas pourquoi, mais cet instant précis fut pour moi chargé d’une intensité incroyable et presque insoutenable. A la chapelle Sainte-Bernadette, nous étions nombreux à recevoir le sacrement des malades et du réconfort, au cours d’une cérémonie absolument bouleversante.

Finalement j’ai découvert ce que je cherchais : la chapelle Pax Christi, modeste lieu de recueillement situé dans l’immense basilique souterraine Saint Pie X. Un reliquaire posé sur une simple stèle abrite les reliques de sainte Hildegarde Von Bingen et saint Bernard de Clairvaux : deux saints, une Allemande, un Français, les deux contemporains du XIIe siècle reposant aujourd’hui à Lourdes, symbole de la réconciliation des peuples.

Eva-Maria le Van

Les Echos de Meulan n°622