Saint Germain à Mézy-sur-seine

L’église de Mézy  est ouverte  tous les samedis  de 16 h  à 17 h pour un temps de prière et de partage musical.

L’église : De l’édifice primitif du XIIIe siècle, il ne reste que les parties basses du clocher et de la nef, car l’église est incendiée et en partie détruite par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Sa reconstruction a lieu au XVIe siècle, à l’initiative de Nicolas II de Pardieu et de son épouse Françoise de Senneville, seigneurs de Mézy ; la nef et les bas-côtés sont alors couverts d’un plafond, seuls l’abside et le choeur sont voûtés. Le sanctuaire est consacré en 1554 mais reste inachevé, la façade n’ayant jamais été réalisée. Sous le choeur, un caveau seigneurial est aménagé ; il est profané sous la Terreur, tandis que l’église est pillée et transformée un temps en salpêtrière puis en temple philanthropique. En 1870, des voûtes remplacent le plafond et donnent à l’édifice son aspect actuel.

Commençons par un petit tour de l’église

Maintenant, entrons à l’intérieur

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Un ensemble de vitraux occupe les fenêtres à remplage Renaissance et les baies remaniées lors des travaux de 1870. Ces verrières sont offertes par des paroissiens nommément mentionnés sur la partie inférieure et certaines comportent les armoiries de la famille Dupleix. Louis-Ferdinand Dupleix, mort en 1886, est le dernier seigneur de Mézy.

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Plaque de consécration: Le chantier du XVIe siècle est une véritable reconstruction de l’édifice et cette plaque commémore sa nouvelle consécration. Les lettres gothiques rehaussées de barbotine rouge sont gravées en creux. « L’église de céans a été consacrée et dédiée le XIXe jour de novembre, l’an mil cinq cent cinquante-quatre par révérend père en Dieu, Etienne Paris, par la grâce de Dieu, évêque de Thessalonne, docteur en théologie, suffragant de Mgr de Rouen, et à perpétuité tous ceux qui visiteront l’église de céans, du jour de sa dédicace, depuis les premières vêpres jusqu’au soleil couché, et qui à nouveau voueront et donneront de leurs biens gagneront quarante jours de vrai pardon ».

L’orgue de Mézy

A l’occasion de la journée du patrimoine « spécial orgue » à l’église Saint-Germain de Mézy, ce qui ne devait être qu’une animation musicale pour les visiteurs s’est transformée en petit concert de musiques de pays variés mais d’une même époque (1650-1750), les visiteurs d’un moment décidant finalement de rester pour écouter la suite….émaillée de quelques explications sur l’orgue en général et sur cet instrument en particulier. Au total, entre quarante et cinquante personnes sont venues admirer l’édifice et son beau patrimoine iconographique (statues, vitraux) et, désormais, musical. Les Echos de Meulan ont demandé àHervé Bry, organiste qui est à l’origine de l’implantation et de la transformation de cet orgue, de nous parler de cet instrument :

 Au commencement de cet orgue, il y avait certainement différentes séries de tuyaux de récupération d’orgues plus anciens : Callinet (1800) par exemple pour la flûte du 1er clavier, Merklin pour la gambe. Ces tuyaux ont été constitués, complétés et harmonisés pour en faire un orgue de salon à traction pneumatique dans les années 1870. En effet, à cette époque-là, non seulement beaucoup d’orgues anciens étaient démantelés à cause du changement de goût (passage du classicisme au romantisme, puis au symphonisme), mais également du fait des apports technologiques : l’apparition du ventilateur électrique permettait de mettre dans les maisons bourgeoises un orgue « de salon » qui n’ait pas besoin de personnel pour pomper (l’orgue est un instrument à vent, n’oublions pas). L’air sous pression était devenu bon marché, le plomb également : ainsi, les transmissions entre le clavier et les soupapes, de mécaniques et fragiles, devinrent pneumatiques et fiables.

Lors d’une vente de charité dans les années 1934, cet orgue fut vendu aux Dominicains de Bordeaux qui en firent leur orgue de chœur, le montant de la vente étant certainement destiné à des œuvres pour les pauvres : la crise de 1929 eut des effets à retard en France.

Les Dominicains électrifièrent l’orgue dans les années 1960-1970, mais vendirent leur instrument pour en acquérir un plus grand à l’occasion de leur déménagement sur la rive droite de la Garonne. C’est une particulière qui le leur acheta, refaisant de cet orgue un orgue de salon. De nouveau transformé, avec des commandes par transistors en commutation, il fut utilisé assez peu de temps car, pour des raisons de divorce, l’orgue dut être démonté et entreposé dans un garage. Les tuyaux en étain et en plomb, malléables, souffrirent du stockage et du transport.

C’est sur le site Internet Ebay que nous avons eu connaissance de sa mise en vente au prix de douze mille euros pour douze jeux. Je l’achetai immédiatement. Quelques jours plus tard, avec un camion de location, nous fîmes l’aller/retour à Bordeaux en une journée pour le rapporter à l’église de Mézy. Une souscription permit de collecter cinq mille euros et de rémunérer ainsi un facteur d’orgues, Jean-Jacques Mounier, qui répara et compléta les tuyaux, et accorda le tout en tempérament ancien. Il fut béni par le père Stéphane Loiseau et inauguré par Matthieu Delaforge.

Pourtant, il fallait améliorer l’instrument. L’ensemble des tuyaux étaient serrés dans une boîte à jalousies et le son des tuyaux était étouffé. La disposition des sommiers et des tuyaux dans l’orgue tel qu’il a été acheté, rendait son entretien très difficile (sportif ! il fallait des qualités de mineur de fond pour accéder aux sommiers et aux électro-aimants). Nous avons donc décidé d’en changer la disposition et de l’installer dans un buffet plus spacieux, en chêne massif, construit par Monsieur Guérin, menuisier à Mézy, sur une structure en fer soudé/boulonné.

Les tuyaux de façade viennent de l’orgue de chœur de la collégiale de Mantes-la-Jolie, qui était lui aussi en transformation complète.

Désormais, l’orgue sonne merveilleusement bien dans l’église. Mais la boîte expressive à jalousies est vide : elle attend un jeu supplémentaire (une anche douce, par exemple). A suivre, donc !

Hervé Bry