Le Mouvement Chrétien des Retraités en pèlerinage à Pontmain

Nous étions soixante-dix sept pèlerins du diocèse de Versailles à partir mercredi 16 octobre, les uns de Poissy, les autres de Versailles. Ce chiffre spirituel explique peut-être que le temps d’automne n’entamait pas la bonne humeur, mais comme on dit : « Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin ! » Prières et chants ont rythmé notre voyage vers le saint lieu.

A midi, nous faisions halte à Sées dans l’Orne où, juste au pied de la cathédrale, le restaurant

« Le Normandy » nous offrit un déjeuner copieux et fort apprécié.

A notre arrivée à Pontmain dans la Mayenne et après installation à l’hôtel « Le Relais du Bocage », à deux pas de la basilique Notre-Dame de l’Espérance, nous étions accueillis par le recteur du sanctuaire, le Père Arnaud Saliba, qui nous fit une brillante présentation du message de l’Apparition. Il commence par nous rappeler que Pontmain est le lieu d’une apparition reconnue par l’Eglise en la personne de Mgr Wicart, évêque de Laval. Eugène et Joseph Barbedette, 12 et 10 ans, les deux enfants ayant bénéficié les premiers de l’Apparition de la Vierge Marie, sont des petits paysans fort pieux. Leur grand frère est parti à la guerre et tous les matins, avant d’aller à l’école, ils prient et vont servir la messe.

A Pontmain, en ce 17 janvier 1871, toute la communauté est en émoi. Les Prussiens sont aux portes de la ville et trente-huit jeunes font partie de l’armée de défense. Le moral est au plus bas. De terribles rumeurs courent sur les exactions commises par l’ennemi. Pourtant, cette humble bourgade d’environ cinq cents habitants a la chance d’avoir pour curé un prêtre hors du commun, dont la ferveur et la dévotion pour Marie vont attirer la bénédiction du Ciel. Au moment de l’Apparition, cela fait trente-cinq ans que l’abbé Michel Guérin veille sur ses paroissiens, ayant fait distribuer dans toutes les maisons une statuette de Marie et incitant la communauté à prier avec zèle pour la paix. En outre, il vient de consacrer Pontmain à Notre- Dame des Victoires à Paris où depuis le début de la guerre se succèdent les neuvaines pour la protection de la France.

Ce 17 janvier en fin d’après-midi, il a neigé et les deux enfants aident leur père à préparer dans la grange la nourriture pour les animaux. A un moment, l’aîné sort pour regarder le ciel piqueté d’étoiles. Et tout à coup, il s’écrie, extasié : « Oh la belle dame ! » Cela attire le petit frère qui à son tour s’écrie « Oh oui, comme elle est belle ! » Les adultes présents ne voient rien. Mais comme ces petits n’ont jamais menti, on a tendance à les croire et on va chercher les Sœurs qui habitent non loin de là. Elles non plus ne voient pas mais ont l’idée de faire venir deux petites pensionnaires qui manifestent la même joie en voyant l’Apparition. Tout à coup, quelque chose se passe et les enfants le relatent fidèlement : une banderole apparaît dans le ciel, aux pieds de l’Apparition et ces mots sont tracés progressivement « Mais priez mes enfants… » Alors commence une soirée pas comme les autres. On fait venir monsieur le Curé qui, bien que n’apercevant rien, va dans un acte de foi, faire prier trois heures durant les habitants. Et au fil de la prière, va se révéler ce message : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher ».

La Belle Dame sourit puis disparaît. Le prêtre en est maintenant sûr, c’est la Vierge Marie ! Les habitants sont en paix, rassurés, Dieu va prendre soin d’eux. Et en effet, le lendemain, on apprend que l’armée de Prusse a renoncé à aller plus loin et fait demi-tour. Le 28 janvier 1871, l’armistice est signé. La paix est enfin revenue, ainsi que les trente-huit jeunes, sains et saufs. Depuis, Pontmain est nommée la cité du cœur apaisé et nous avons pu l’expérimenter tout au long de ces deux jours et même après.

Cette journée du mercredi s’est terminée avec la projection d’un film aimablement prêté par le sanctuaire et complétant bien la présentation faite auparavant. Jeudi était une journée mariale, comme tous les 17 du mois. Un chapelain du sanctuaire, le père Alexandre Baccam, originaire du Laos, nous fit visiter les principaux lieux de Pontmain : l’église paroissiale, la grange des Barbedette et la basilique Notre Dame de l’Espérance. A 11 h, messe à la basilique concélébrée par le Père Baccam et le Père Denis Bérard, de Houilles, qui nous accompagnait.

Après le déjeuner, était proposée une conférence sur le thème « Marie Mère de l’Eglise » suivie du chapelet, des vêpres et de l’adoration du Saint Sacrement. En soirée, nous nous sommes réunis pour un temps d’échanges à propos de ce que nous avions vu, découvert, ressenti dans ce sanctuaire.

Vendredi, il fallait déjà dire au revoir à Pontmain et les cars nous ont conduits jusqu’à l’Abbaye de Mondaye où la messe était célébrée par la communauté des quarante frères Prémontrés. Dans deux grandes salles des bâtiments conventuels, nous avait été préparé un savoureux déjeuner par Julien et Maximilien, les deux frères hôteliers de la communauté. Après le repas, dans la joie, tout le monde participa à la vaisselle !

Puis retour dans les Yvelines, l’esprit encore un peu ailleurs et le cœur nourri par ces trois jours de pèlerinage intenses et fervents.

Marie-Agnès Mardoc