Juziers : Le repas solidarité de l’Association paroissiale

Vingt-trois ans de tradition oblige, notre repas de solidarité tant attendu s’est déroulé, avec cent vingt-cinq participants, le 10 février au centre du Bourg au profit des réfugiés du Haut-Karabakh. C’est une occasion de convivialité presque familiale, conjuguée à un excellent dîner composé de mets succulents. Notre association a eu le plaisir d’accueillir Ketty Varin, maire et de nombreux conseillers, les prêtres et diacres du groupement paroissial ainsi que des convives venant d’autres communes. Cette soirée a permis l’envoi, par l’intermédiaire du Secours Catholique de 1 481 €, pour les réfugiés en Arménie venant du Haut-Karabakh.

Pour mieux comprendre les enjeux voici la situation : le Haut-Karabakh est un territoire de 4.000 km2, enclavé dans l’Azerbaïdjan, où vivent 190 000 habitants en majorité d’origine arménienne de religion chrétienne. En septembre 2023, l’Azerbaïdjan attaque le Haut-Karabakh. En trois jours, le pays est vidé de sa population qui se réfugie en Arménie. Cent mille réfugiés dans un pays, l’Arménie, qui compte trois millions d’habitants, c’est comme si en France, deux millions de réfugiés débarquaient en moins d’une semaine.

On peut imaginer le désarroi de ces populations à la recherche d’un logement, d’un emploi mais aussi d’une thérapie pour se reconstruire, eux qui ont tout perdu, qui ont abandonné leurs montagnes chéries et qui se retrouvent dans un plat pays. De nombreuses associations essaient d’aider ces réfugiés. C’est ainsi que Caritas Arménie, qui fait partie du même réseau que le Secours Catholique, a une quinzaine de projets dont celui que nous avons retenu qui concerne cent trente familles pour rétablir l’autonomie sociale et économique et faciliter l’accès aux services publics. Le Secours Catholique Caritas France a déjà versé soixante mille euros et le gouvernement français a participé aussi pour la même somme. Le bénéfice de notre repas ira à ce projet.

Un intervenant du Secours Catholique a présenté un diaporama qui explique comment on en est arrivé là :

  • en 1805, toute une région dont l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui comprend le Haut-Karabakh est annexée par l’empire russe. Après la révolution russe de 1917, l’Arménie chrétienne et l’Azerbaïdjan musulmane deviennent indépendantes et soviétiques ; le Haut-Karabakh peuplé d’Arméniens revient à l’Azerbaïdjan ;
  • en 1919, il y a un massacre des Arméniens du Haut-Karabakh qui conduit à une intervention de l’armée arménienne. Il s’ensuit de nombreuses guerres entre ces deux pays avec un accord de paix sous la houlette de la Russie qui met mille neuf cents soldats sur un corridor de 60 km pour permettre la circulation entre l’Arménie et son satellite ;
  • pour la dernière guerre en septembre 2023, les Russes ont laissé faire et l’Azerbaïdjan a eu le soutien de la Turquie qui vise un expansionnisme à la mémoire de l’empire ottoman. Au niveau international, aucun pays n’a réagi. La Russie, qui a eu le soutien de l’Azerbaïdjan dans le conflit de l’Ukraine et qui a besoin de ce pays pour faire passer son gaz, avait tout intérêt à ne pas bouger. Les occidentaux ont besoin du gaz de l’Azerbaïdjan…

La présentation s’est achevée par l’histoire d’un fermier du Haut -Karabakh Rafik Sargyan, 60 ans, qui sous les bombardements pendant deux jours, a ordre de fuir en Arménie. Pour la quatrième fois, il quitte sa maison et sa ferme, laisse les tombes de sa femme et de ses deux fils tués pendant la guerre de 2020. Blessé lui-même, il perdit la vue. Il part donc avec son cheval laissant le bétail. A la frontière, il est frappé par les militaires azéris qui tentent de lui voler son cheval. Grigor Ghahrzamnyan qui distribuait de la nourriture a vu cet homme blessé à cheval et l’a accueilli. Rafik a trouvé une nouvelle famille chaleureuse et un petit fils Oleg qui l’appelle grand-père et qui dit « Je ne le laisserai pas sortir de notre maison ». Rafik voit l’espoir dans son cœur. Il a toujours son cheval Buyan et garde les animaux de la famille en reconnaissance. Il est aidé par Caritas Arménie.

La soirée s’est terminée par le fromage et la ronde des gâteaux et nous avons pu fêter les 60 ans de notre curé le père Alain Eschermann qui ne s’y attendait pas !

Louis Abécassis

Echos de Meulan n° 620